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D
écouvrez
la
face
cachée
de
votre
personnalité
L’Irrégulier
ment à ce qu’il dit au moment où il le dit. À regarder son regard,
il semble même visualiser en même temps qu’il parle. Ses histoires
sont toujours pittoresques et colorées, elles empruntent des mots
choisis ou des alliances de mots rares, le style en est recherché,
parfois même précieux. Bref, elles possèdent une valeur esthétique.
Ce ne sont pas des narrations, ce sont de petits poèmes en prose.
Et c’est d’ailleurs peut-être bien cela même qui les trahit et qui les
rend suspectes. On lui reproche en effet bien souvent d’avoir un
côté mythomane. Les ennemis de l’Irrégulier disent même parfois
de lui que sa vie est l’histoire de projets colossaux qui n’aboutis-
sent jamais. Romanesque dans le fond, précieux dans la forme,
il est certain que le discours de l’Irrégulier n’inspire pas toujours
confiance. Son discours n’est pas utilitaire mais poétique. Déçu par
le réel qui ne le comprend pas, l’Irrégulier se réfugie dans le rêve et
le discours qui l’exprime.
La dérision :
Mais le discours peut libérer autrement que par le rêve. Le verbe,
ce n’est pas seulement la fable ; le verbe, c’est également le cri de
la révolte. Quand on souffre de la contradiction, on peut bien sûr
prendre la fuite. On peut aussi se révolter contre le système qui en
est à l’origine. C’est pour cette raison peut-être que l’Irrégulier que
vous connaissez bien se livre assez souvent à de violentes « révoltes
verbales ». Cohabiter avec une Irrégulière n’est pas toujours facile.
Parfois, c’est la colère traditionnelle, soudaine, imprévue, d’autant
plus violente que la cause déclenchante en est imperceptible. Les
phrases perfides et qui font mal cinglent violemment, principa-
lement d’ailleurs quand il y a du public. Mais quelquefois aussi,
c’est la querelle rampante, pas vraiment avouée, mais permanente,
faisant jaillir des mots, ceux qui font mal, à débit régulier, presque
par inadvertance. Parfois encore ce sont les fâcheries, les boude-
ries muettes qui peuvent durer des jours et dont la cause — il
faut l’avouer —est quelquefois bien mystérieuse. Vous vous sentez
vaguement coupable et vous ne savez pas de quoi. Le pouvoir négatif
des mots est cette fois-ci d’autant plus fort que les mots ne sont
même pas utilisés. Mais les mots vous sont dits en face, et vous