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D
écouvrez
la
face
cachée
de
votre
personnalité
L’Irrégulier
savez à quoi vous en tenir. Il y a pire. La calomnie, par exemple. La
calomnie de Don Basile, dans
le Barbier de Séville
. Il n’est pas rare
que l’Irrégulier ait une bien mauvaise langue. Son goût du petit
poème en prose ne se réalise jamais si bien que dans la caricature.
Il manque rarement de caricaturer celui qui part à celui qui arrive.
Là, son côté perfide vient multiplier son côté littéraire. Vous allez
assister à une séance de graffitis verbaux. Colère, querelle, bouderie
muette (et cependant si éloquente !), caricature cruelle derrière votre
dos, graffitis sur les tables ou dans les toilettes. Il ne manque plus à
la liste que la grande poésie. Or, la plupart des Irréguliers célèbres
sont également souvent de grands poètes. Poésie généralement
fondée sur la révolte (Rimbaud), et très souvent d’ailleurs sur une
forme très particulière de la révolte : la « dérision ». Il est parfois
plus efficace de tourner en ridicule que de critiquer violemment.
Plus une valeur sera respectable et moins l’Irrégulier sera capable
de résister au désir de la ridiculiser. Dans tous les cas, se révolter
par le moyen du verbe, constitue pour l’Irrégulier courant une
habitude, un passe-temps, une nécessité. Faire du mal avec des
mots sera toujours pour lui une tentation.
La recherche de «compensations» :
La contradiction fondamentale peut déboucher encore sur une
dernière issue : celle de la compensation. En gros, pris dans le piège
de la réactivité, qui le pousse à agir, et de sa profonde faiblesse, qui
le paralyse dans l’action, l’Irrégulier ordinaire peut réagir de trois
façons :
– par la fuite dans le rêve ;
– par l’insurrection ;
– par l’aménagement d’une double vie.
Dans une double vie, il cherchera des compensations à toutes les
concessions à la norme qu’il est obligé de faire par ailleurs.
Ces compensations n’auront généralement qu’un point commun :
elles réclameront beaucoup d’argent. Plus quelque chose est superflu,
plus ce quelque chose coûte cher. L’Irrégulier, pour qui le superflu est