Découvrez la face cachée de votre personnalité - page 247

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Découvrez la face cachée­ de votre personnalité
Le Sérieux
garçon, ce qui n’a pas que de mauvais côtés (on peut aller retrouver
d’autres vieux garçons au club).
Mais le plus grave n’est pas là. Le plus grave, c’est que le Sérieuxmarié
continue bien souvent à se conduire en célibataire. Pour au moins
trois raisons. La première, c’est que profondément au­tosuffisant,
il n’a pas réellement besoin des autres : s’il s’est marié, c’était pour
les convenances ou afin d’avoir un rejeton à son image — et voilà
l’Épouse avec un É réduite à la fonction de procréatrice. La deuxième,
c’est que n’ayant aucunement besoin des autres, il n’a également
rien à leur donner. Il est capable de passer un week-end sans ouvrir
une seule fois la bouche et, quand il l’ouvre, c’est pour tenir des
propos strictement objectifs : la bourse, le travail, les diplômes,
les réfrigérateurs et la palissade qui croule dans le fond du jardin.
La troisième raison, la plus importante, c’est que même après le
mariage, le Sérieux ne renonce à aucune de ses habitudes de vieux
garçon. De retour du travail tous les jours à la même heure—vingt
heures — le Sérieux enfile silencieusement ses pantoufles, s’asseoit
avec indifférence dans son fauteuil, allume paisiblement sa pipe
et se met à lire tranquillement son journal (le Monde, les Échos ou
le Nouvel Économiste), en attaquant bien entendu d’abord l’article
de la bourse. À vingt heures cinquante-cinq, il s’installe à sa place
ordinaire dans la salle à manger et, de sa voix lente et très grave,
se met à entretenir sa femme de sujets convenables dont il n’a pas
grand-chose à faire (elle non plus, sans doute). Si son épouse (il
préfère l’appeler ainsi) pi­que à ce moment précis une petite crise
de nerfs (ce qui arrive de temps en temps), il ne manquera pas de
l’écouter avec sé­rieux (car au fond n’est-elle pas son épouse ?) mais
avec désapprobation (ce n’est pas très sérieux !). À vingt-deux heures
dix-sept, le Sérieux ôte ses lunettes et les dépose sur sa table de nuit
entre la boîte de boules Quiès et les deux réveille-matin (toujours
diviser pour mieux régner). Avec une habileté toute particulière,
il enfile alors sa jambe droite sous le drap propre. Pendant une
demi-heure, il lit encore une revue scientifique « pour se tenir au
courant ». Et à vingt-trois heures zéro une, il s’endort. Il ne ronfle
jamais. Simplement, quand sa femme lui secoue l’épaule à trois