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D
ictionnaire
des mots
en
voie
de
disparition
une inclusion de virtualités. Aux articles d’usine destinés à un usage bien
précis avant d’être jetés se substituent des systèmes informatiques ou des
mondes virtuels (comme Second Life) destinés à évoluer parallèlement
à l’évolution de leurs utilisateurs. Nous ne sommes plus dans le « Et »
mécanique, mais bel et bien dans le « Ou » biologique.
Le dernier exemple en date est celui de l’iPhone. Mais on peut avant lui
citer l’ordinateur ou le téléphone portable. Chacune de ces machines
peut devenir tour à tour bibliothèque, machine à calculer, appareil photo,
télévision, boîte à musique ou terminal communiquant. Mais l’histoire
ne s’arrête pas là. Chaque jour apparaissent de nouvelles applications en
téléchargement. Comme des êtres vivants, les nouveaux objets nomades
peuvent ainsi évoluer continuellement et donc survivre aux aléas de
l’avenir.
Les créatures du futur aimeront flirter avec l’ambiguïté. Elles associeront
volontiers les contraires, goûteront le sucré-salé, cultiveront le paradoxe.
La
multimodalité
triomphera.
Les objets du futur seront multifonctionnels. Les « alicaments »
concilient l’aliment et le médicament. Un habitat peut à la fois être
aménagé comme domicile, espace de travail et lieu de formation. Une
machine attachée à votre poignet peut être une montre ET un GPS ET
un visiophone itinérant. Les robots du futur ne nous ressembleront pas,
comme le pensaient nos grands-parents, par leur apparence physique aux
apparences de Lego géant, mais par une évolutivité et une polyvalence
au moins égale à la nôtre.
Les échanges, comme les objets, s’affranchiront également des vieux
schémas à solution unique. On pourra se former en dehors du cadre
étroit de l’Éducation nationale. Les sens uniques se feront rares.
Les « procédures » cèderont leur place aux solutions flexibles. La
« mono-modalité » ne sera plus qu’un vieux souvenir. Au Danemark,
la
flexisécurité
ne demande plus à l’entreprise de choisir entre l’éco-
nomique et le social. Au sein d’une multinationale, comme Philips ou
Nestlé, dont les usines sont éparpillées partout, il n’existe plus vraiment
de circuit obligé pour les transferts de marchandises. À la manière
des « paquets » d’information sur Internet, leurs paquets de matière
première peuvent prendre mille chemins en fonction des moyens de
transport de marchandises, de l’encombrement des entrepôts ou de
l’âge du capitaine. Sur un bateau comme le Hurtigruten, l’Express cô-
tier qui relie chaque jour Bergen à Mourmansk en longeant toutes les