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D
écouvrez
la
face
cachée
de
votre
personnalité
L’ Insouciant
Problématique
1/ L’empire du laisser-aller
Trois images en amuse-bouche pour en avoir un avant-goût.
Il s’appelle Barnabé et ses parents, désespérés, ne savent plus trop
quoi faire. En fait, ce n’est pas qu’il soit complètement dénué de
talent. Plusieurs de ses professeurs ont même décrété que c’était un
garçon doué, mais rien ne l’intéresse. Barnabé traîne les pieds, fume
beaucoup (son ami Anatole, l’Indifférent, boit), passe des journées
à ne rien faire. Il erre dans l’appartement ainsi qu’un vagabond d’in-
térieur, allant du réfrigérateur à la télé, passant des heures devant
la télé à regarder n’importe quoi, ou des heures dans sa chambre
à écouter n’importe quoi. S’il sort, c’est pour se retrouver au café
devant le flipper. Il fume alors encore plus, exhibe éventuellement le
jean effiloché dont il est très fier, mais le plus souvent n’exhibe rien,
se contente de jeter par la fenêtre un regard vide et vaseux, comme
si la vie était pour lui dénuée décidément de toute signification.
Voici maintenant Richard (en fait, c’est encore Barnabé, repris dix
ans plus tard avec un autre nom). Richard est le cousin maudit
qui n’a jamais travaillé. Il est l’éternel étudiant comme Amédée, le
Sentimental, et l’éternel amoureux. Avec ses longs cheveux, son
long imperméable décoloré par l’âge, son pull interminable tricoté
par on ne sait qui, sa joue mal rasée et son regard mal réveillé
(encore qu’il soit déjà trois heures de l’après-midi), il fait penser,
malgré ses vingt-trois ans à une plante anarchique et jamais entre-
tenue. Entretenu néanmoins Barnabé l’a été, plusieurs fois et jamais
de main morte, par sa mère Eugénie (une Passionnée à la grande
bouche qui voulait le voir médecin), puis par Iphigénie, Helen et
Stéphanie, toutes demoiselles responsables et décidées, d’une main
ferme, à « s’occuper de lui ». Toutes ont dû cependant renoncer
car arrivait toujours l’heure où Barnabé avait simplement disparu,
personne ne comprenait pourquoi. Barnabé représente un spéci-
men excellent de ce qu’on a pu appeler l’espèce des babas cools.