passer à l’étape du traitement de l’information, il est
        
        
          indispensable de charger dans la RAM, en « mémoire
        
        
          vive », tous les logiciels et les fichiers nécessaires, c’est-à-
        
        
          dire, pour reprendre un langage plus traditionnel, d’aller
        
        
          chercher dans la bibliothèque ou les armoires tous les
        
        
          documents nécessaires à la tâche, puis les ouvrir à la
        
        
          bonne page sur la table de travail. Cela peut prendre un
        
        
          certain temps, mais c’est incontournable.
        
        
          Or, il se trouve que cette étape est à refaire chaque fois
        
        
          qu’on a été interrompu et que la fine pointe du cône de
        
        
          l’extrême attention a été sollicitée de force par un agent
        
        
          extérieur.
        
        
          Cela explique les confessions d’un grand nombre de
        
        
          cadres qui reconnaissent que le meilleur de leur travail se
        
        
          fait ou le soir, quand tout le monde est parti, ou le week-
        
        
          end à la maison. Interrompus dix fois par jour dans le
        
        
          traitement d’un dossier important, toute leur énergie de
        
        
          la journée s’évapore à se remettre dix fois dans le bain du
        
        
          dossier et à charger une fois de plus en mémoire vive les
        
        
          informations nécessaires, ce qui est en outre épuisant.
        
        
          On peut faciliter la mémorisation de ce phénomène par
        
        
          une image :
        
        
          
            L’efficacité d’un travail croît avec le carré du temps qu’on lui
          
        
        
          
            consacre sans interruption.
          
        
        
          Ce qui donne un résultat de 1 pour 1 heure de travail, de
        
        
          4 pour 2 heures, de 16 pour 4 heures, etc.
        
        
          En fait cette image est inexacte. D’abord parce qu’elle
        
        
          suppose que l’efficacité d’un travail soit objectivement
        
        
          mesurable, mais surtout parce qu’il y a bien un moment
        
        
          de fatigue où la productivité se met au contraire à
        
        
          décroître.
        
        
          Ce qui est sûr, c’est qu’on peut manger un éléphant à
        
        
          condition de n’en manger qu’un peu chaque jour, mais
        
        
          L’art de perdre son temps
        
        
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