L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
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Il semble donc indiscutable aux yeux de l’opinion, comme dans le discours
des dirigeants, que l’humanité est dans une marche définitive vers le
toujours plus de croissance. Les fonds de pension américains comme les
fameux fonds souverains
exigent
avec décontraction un rendement d’au
moins 10 % par an.
Évidemment, cela ne tient pas debout. L’évolution humaine, observée
depuis ses origines il y a 6 millions d’années, s’est toujours effectuée de
façon cyclique, voire fractale (avec des cycles de cycles jusqu’au n
e
degré).
Les civilisations égyptienne et chinoise, par exemple, ont chacune connu
une trentaine de dynasties prospères entrecoupées de périodes de crises
décadentes et d’invasions barbares, à la manière d’un millefeuille ou d’un
club sandwich. La notion de cycle régit d’une façon générale tout phé-
nomène vivant ou naturel. Le climat, la météo, la pousse des arbres, les
fluctuations de la Bourse et les aléas de la vie de couple épousent tout
naturellement la courbe régulière d’une sinusoïde. Tout ce qui vit joue
aux montagnes russes.
Cependant à l’échelle de deux ou trois générations, on a l’illusion
d’optique d’une croissance ininterrompue. Cette période de croissance
un peu plus longue que les précédentes s’explique par des phénomènes
exceptionnels complémentaires :
1/ La découverte du
bas de laine
énergétique de la planète : le capital
fossile enfoui dans la cave.
2/ La transformation de ce capital fossile en capital économique par les
États-Unis d’abord (au xx
e
siècle), puis par l’Europe et le Japon (pendant
les fameuses
Trente Glorieuses
) et actuellement par le reste de l’Asie.
3/ La fusion des économies mondiales dans le cadre de la mondialisation
des échanges et de l’information (Internet), avec les gains gigantesques
de productivité qu’apporte toute fusion.
Ces trois phénomènes, comme les allumettes de la petite fille du même
nom, ne peuvent être utilisés qu’une seule fois. Prochainement, 3 limites
seront atteintes :
1/ Le bas de laine fossile de Grand-Maman aura été dilapidé.
2/ L’ensemble de l’Eurasie aura atteint le niveau de performance maximal
compatible avec le reste des ressources disponibles : le feu (énergies
fossiles), l’eau (douce), l’air (non pollué) et la terre (non contaminée).
L’empreinte écologique moyenne d’un Terrien a déjà dépassé les limites
naturelles. Quid des pays développés ?