L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
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Q
uatrième
pouvoir
Il fut un temps où les médias constituaient un quatrième pouvoir, un
pouvoir de l’information,
qui complétait fort utilement dans les démo-
craties les pouvoirs législatif, exécutif ou judiciaire. Afin de réduire les
discordances et l’inconfort, les politiques se sont donc mis à épouser des
journalistes tandis que les patrons de presse se sont lancés en politique.
Le quatrième pouvoir a essayé un temps de renaître sous les traits
d’Internet. Une guerre est donc en cours entre les partisans de l’Internet
libre (Wikileaks) et ceux d’un Internet administré (le gouvernement
chinois ou le gouvernement américain). Il n’est pas impossible qu’à l’issue
de cette cyber-guerre, comme à l’issue des guerres classiques, il n’y ait que
des perdants : des États sans souveraineté d’une part et des individus sans
liberté d’une autre. Après avoir testé provisoirement la religion, la presse
et l’Internet, le quatrième pouvoir devra alors se trouver un quatrième
visage ou disparaître au sein d’un grand pouvoir unique : celui de l’empire
normatif de
la Guerre des étoiles.
Q
uiétude
Il n’est pas impossible que l’inquiétude soit l’étoffe dans laquelle soient
taillés les civilisations, les entreprises et les individus de l’avenir. La culture
de l’incertitude pourrait devenir l’objet des formations dispensées dans
les écoles et les organismes professionnels du futur.
Le rapport que les hommes ont au temps est en effet en train de se
transformer profondément.
Il fut un temps où la
certitude du temps cyclique
permettait de
baigner dans une quiétude relative. Certes, on avait un peu le sentiment
de tourner en rond. Certes, il était parfois opportun de faire un sacrifice
humain pour motiver les dieux à faire revenir les pluies, le soleil ou le
printemps. Mais dans l’ensemble les jours ressemblaient aux jours, les
années aux années. Et cela était fort rassurant.
Plus tard fut inventée par les prophètes la notion d’avenir et apparut la
certitude du progrès historique.
On se mit à enseigner au catéchisme,
dans les écoles et au journal de 20 heures que l’avenir était à une vie
meilleure, rendue possible par les progrès multipliés de la science, de