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D
ictionnaire
des mots
en
voie
de
disparition
exemple autant de valeur qu’à Ginza dans le centre de Tokyo. Il n’y a
donc pas de richesse sans précarité. Créer artificiellement de la précarité,
et pas seulement de l’abondance, est le meilleur moyen de faire grimper
les prix. Les spéculateurs avisés peuvent s’enrichir beaucoup à l’annonce
de mauvaises nouvelles.
La religion montante du développement durable, de la décroissance, de
la culture de la sobriété aurait-elle donc des bénéficiaires secrets ?
R
ipaille
Chanson à boire et à manger
Dans le bon vieux temps on mangeait tout le temps,
À midi ou à minuit, à quatre heures ou à onze heures,
Dans le bon vieux temps on pouvait manger partout,
Chez soi ou dans les rues, au restaurant ou dans le train,
J’ai même déjà vu, à Washington, des Américains
Qui mangeaient des hamburgers et des frites dans un musée
Devant un autoportrait de Van Gogh amaigri
Qui semblait les regarder avec un air de reproche
Dans le bon vieux temps on mangeait tout le temps
Au Canada, en Chine, en France et même en Inde
Tout le monde parlait de bouffe et de ripaille continuellement
Il y avait des cours de cuisine à la télé
Des marchés de produits du terroir tous les dimanches matins
C’était le bon vieux temps où l’on n’était encore que sept milliards
sur Terre
Et où le ventre de la Terre pouvait encore nourrir le ventre de tout le
monde
C’était le bon vieux temps où l’on pouvait encore manger partout
Et pas seulement à la soupe populaire avec des tickets de
rationnement.