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D
ictionnaire
des mots
en
voie
de
disparition
l’autosuffisance alimentaire inspire désormais le respect. L’avantage de
l’Allemagne vis-à-vis des autres pays européens est d’avoir plutôt bien
résisté à la délocalisation industrielle.
La notion de
services
mérite donc d’être revisitée
.
En fait, le fameux « secteur tertiaire », locataire habituel des tours de
verre dans un centre d’affaires aux lignes épurées, va progressivement
fondre et se différencier en au moins 5 sous-secteurs tertiaires aux destins
inégaux
:
1/ Les intermédiaires d’affaires
Grossistes, agences de voyage, imprimeurs en chambre, hommes d’affaires
en imperméable : ces intermédiaires, qui peuplent les capitales, ne sont
pas promis à un brillant avenir. La concurrence des réseaux numériques
leur est mortelle. Toute entreprise qui se respecte est engagée dans un
processus continu de réflexion pour améliorer sans relâche la producti-
vité de tous ses processus grâce à l’informatique. L’intermédiaire d’affaires,
dont le rôle consistait principalement à enregistrer, manipuler, véhiculer
ou communiquer des chiffres, perd petit à petit toute justification. La
situation de rente d’un intermédiaire d’affaires a de moins en moins de
justifications puisque l’économie obéit à une loi de fer : tout ce qui est
inutile sera à terme supprimé.
2/ Les intermédiaires financiers
Les banquiers, financiers et autre jongleurs de l’argent n’ont pas spéciale-
ment bonne réputation en ce moment. Ils pourraient même être désignés
comme la plus inutile des classes sociales, à l’opposé de celles des agricul-
teurs qui constituent certainement la plus injustement traitée au regard
de sa plus-value réelle. Si le centre s’enrichit abusivement par rapport à la
périphérie sous le seul prétexte qu’il est au centre, c’est l’architecture du
système qui sera repensée et le centre sera court-circuité. L’argent ban-
caire, discrédité, sera peut-être remplacé par des monnaies privées, plus
crédibles. Des pommes de terre pourront être échangées directement
contre un tracteur ou de l’essence, sans devoir laisser au passage 90 % de
la valeur ajoutée entre les mains de financiers arrogants.
3/ L’artisanat
Les artisans seront moins menacés par les robots que les financiers parce
qu’ils restent plus près de la réalité tangible, parce qu’ils offrent un vrai