L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
195
S
Il n’y a cependant pas mieux que le terrain du spectacle pour expérimen-
ter les synergies et les alliages inattendus. Déjà certains spectacles assor-
tissent le théâtre avec la danse, la musique, les clowns et les marionnettes
pour la plus grande joie des enfants. Déjà des expositions de peinture ne
se contentent plus d’exposer de la peinture : ils accueillent également des
sculptures, des films d’animation, des expériences gastronomiques… et
des figures de danse.
Ces spectacles hybrides peuvent être retransmis dans plusieurs lieux
simultanément : les concerts du Philarmonic Orchestra de New York sont
déjà accessibles en direct depuis la Géode à Paris. Ils peuvent également
être podcastés au lendemain de leur exécution. L’
ubiquité atemporelle
est déjà une réalité.
Dans un monde devenu désespérément
multi
, le spectacle traditionnel
mono-genre–mono-cible–mono-lieu–mono-horaire séduit surtout
aujourd’hui les inconditionnels du « bon vieux temps »… si singulier.
S
teak
Pour faire un steak, il faut du bœuf. Pour faire du bœuf, il faut de l’eau.
Or, si on introduit la notion d’
empreinte aquatique,
on constate qu’il
faut 15 500 litres d’eau pour faire le kilo de bonne viande de bœuf néces-
saire au célèbre « New York steak » dont raffolent les connaisseurs. Pour
produire son rendement habituel de 200 kilos de viande, un bœuf exige
7 000 litres d’eau pour son entretien, 24 000 litres pour son abreuvage
et surtout 3 000 000 de litres (soit exactement une piscine olympique
ou encore la consommation annuelle totale en eau de 55 Français pour
boire !) pour produire les 1 300 kilos de céréales (soja, maïs, avoine ou
blé) et les 7 200 kilos de fibres (pâture ou foin séché) dont il a besoin
pour s’alimenter. En d’autres termes, aller dans un steak house et com-
mander une entrecôte revient à consommer 600 bouteilles d’eau (de
75 centilitres). À titre de comparaison, la consommation d’une escalope
de poulet n’équivaut qu’à 150 bouteilles d’eau. Mais il est vrai qu’une es-
calope de poulet est moins goûteuse qu’une escalope de bœuf (encore
qu’on puisse en rehausser le goût avec du poivre, de la crème et du
cognac flambé). L’
empreinte aquatique
d’un kilo de poulet n’est en effet
que de 3 920 litres, celle d’un kilo de blé, de 1 300 litres et celle d’un kilo
d’œufs, de 200 litres seulement.