L’art de se faire des ennemis
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d’une princesse de conte de fée conduit droit à l’échec
dans la mesure où elle projette d’emblée des images sans
nuances sur de pauvres humains comme vous et moi
faits de chair, d’os et... de contradictions. Toujours les plus
et les moins s’équilibrent. Les femmes belles sont souvent
égoïstes et sottes. Les hommes intelligents et bons sont
fréquemment atteints d’une petite disgrâce. On a pu dire
que la beauté multipliée par l’intelligence et divisée par la
disponibilité était une constante.
Celui qui recherche des amis sans défaut est à peu près
certain de rester sans amis.
Mais la captivité se manifeste encore parfois vis-à-vis de
la relation elle-même : les néo-adolescents y aspirent à
des néo-contes de fée.
Dès lors, toute relation est condamnée. On se met à
voir dans l’autre non ce qui s’y trouve, mais ce qu’on sou-
haite y trouver. On demande à la relation d’être autre
chose que ce qu’elle est. Cela ne peut pas mener bien loin.
Seule l’absence peut retarder un peu la désillusion finale.
On ne peut plus vivre avec celui qu’on aime. On ne peut
plus aimer non plus celui avec lequel on vit. On ne peut
en effet aimer que son contraire, on ne peut s’entendre
qu’avec son identique.
La Captivité peut se manifester enfin vis-à-vis du type de
relation, de son rythme et de son intensité. Ceci induit
alors la déviation la plus grave : la recherche de la
«
fusion-confusion
». Tout attendre d’un être à qui
l’on donne tout dans une espèce de grande fusion
thermonucléaire est en effet le moyen le plus rapide et le
plus sûr d’aboutir à l’échec intégral, le vrai, le
hard
, celui
qui laisse des traces et des blessures dont on ne se remet
pas. Une maison idéale contient 3 pièces : la chambre
de monsieur, la chambre de madame, la chambre de
monsieur et de madame. Une relation prospère se joue
à trois : le « Je », le « Tu » et le « Nous ». Du temps et