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D
écouvrez
la
face
cachée
de
votre
personnalité
Le Passionné
2/ La grandeur et le mépris
Si l’on veut à tout prix résumer, il faut se représenter le Passionné
comme le serviteur d’une œuvre si grandiose qu’elle justifie tous
les sacrifices. Aussi ne faut-il pas s’étonner si parmi eux on trouve
la plupart des Grands Hommes. Peu de grandes choses se font sans
mégalomanie. Dans les rangs des Passionnés, on trouve pêle-mêle
les plus grands écrivains, les plus grands architectes, les plus grands
hommes politiques, les plus grands chefs d’entreprise. Le Passionné
est d’ordinaire un fondateur de dynastie. L’histoire de la Chine comme
celle des multinationales est une saga de Passionnés Fondateurs à
qui succèdent des hommes ordinaires avec lesquels commence le
déclin. À la mort de Ramsès II, l’histoire de l’Égypte est terminée.
Si le sens de la grandeur, le goût du pouvoir, l’orgueil démesuré est
en effet à l’origine des plus grands crimes, il est également souvent
au point de départ de toutes les réalisations objectives.
Quelle sera l’expression privilégiée de la grandeur ? Ce sera l’œuvre
colossale. Pour Louis XIV, ce fut Versailles. Pour Balzac, c’est un
vaste roman de cinq mille personnages. Pour Eiffel, c’est une tour.
Pour Hitler, ça devait être un empire de mille ans. Le Passionné est
fondamentalement un bâtisseur de cathédrales. Quand il n’est pas
célèbre, il se console en construisant des châteaux de sable sur le
bord de la mer ou en retapant de vieilles maisons pendant le week-
end. Mentalité de castor. Il y a beaucoup de Passionnés qui trouvent
leur épanouissement dans le secteur professionnel du bâtiment.
Une espèce d’équilibre a été découvert entre l’être et l’avoir dans
la primauté du « faire ».
Ainsi, même si le Passionné est loin d’être un banal matérialiste et
encore moins un jouisseur, il méprise plus encore le cercle des perfec-
tionnistes, des intellectuels et des idéalistes. Car l’exigence de la pensée
présente un risque : celui de conduire à la paralysie. Le « réalisme »
caractérisé du Passionné se définira d’abord comme un certainmépris
(pour ne pas dire un mépris certain) de l’intellectualisme stérile.
Le mépris est en effet, hélas, la contrepartie pratiquement inévitable
du sens de la grandeur. On ne peut pas aspirer aux grandes choses