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D
écouvrez
la
face
cachée
de
votre
personnalité
Le Passionné
elle-même. De plus, si dans ce cas très particulier elle n’a plus à être
intégrée, elle va devenir en revanche à son tour intégrante de tout
le reste. La rencontre de Dieu reprend ainsi souvent la première
place chez les personnages de Claudel.
Le Passionné sera de manière courante un homme de multiplicité
convergente. Pris par de multiples sollicitations, débordé par des
tâches qui l’appellent dans tous les sens, il connaît secrètement, der-
rière tout cela, l’ordre secret. Le grand ensemble, où tout converge,
impose à cette apparente variété luxuriante un ordre rigoureux. Dans
les pièces de Corneille (qui est un Passionné) on voit le bonheur
individuel systématiquement décliné devant l’honneur familial (le
Cid), le bonheur de la famille systématiquement subordonné à la
raison d’État (Horace), la raison d’État systématiquement soumise
à l’humanité (Cinna), l’humanité systématiquement devancée par
la raison divine (Polyeucte). Le Passionné accentué n’est certes pas
le plus heureux des caractères. C’est bien souvent du sacrifice et
de la douleur. L’univers intérieur du Passionné a quelque chose de
tragique car il faut systématiquement choisir. Homme de synthèse,
sa vie n’est que l’histoire du rejet constamment renouvelé de toutes
les exceptions qui infirment la règle. Or Dieu sait combien les excep-
tions et les dérogations peuvent être quelquefois séduisantes ! Et il
n’y aurait rien d’étonnant à ce que le Passionné que vous connaissez
bien fasse le sacrifice régulier de son existence personnelle ordinaire.
L’erreur la plus stupide serait bien sûr de croire que l’existence
privée lui indiffère : en bon cousin qu’il est du Sentimental, à qui il
ressemble tant lorsqu’il est fatigué, elle demeure secrètement pour
lui toujours l’axe pudique et sacré. Le sacrifice est toujours dur. Et
la « dureté » du Passionné (« c’est un vieux dur ») n’est souvent
que le seul moyen de vaincre la dureté du sacrifice à faire.
Le Passionné n’est certainement pas l’homme qui n’est pas sensible,
c’est l’homme qui a vaincu la sensibilité, l’homme qui est venu à
bout de son cœur. Bonheur contre grandeur. Participation attendrie
contre volonté implacable. Le choix est toujours cruel. Si la volonté
paraît si souvent excessive, si peu humaine, c’est parce qu’elle est
habituée à vaincre dans des combats très durs.
