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D
écouvrez
la
face
cachée
de
votre
personnalité
L’ Idéaliste
appelle la « raison d’être ». L’Idéaliste ne s’attache pas à grand chose.
Son existence ne constitue qu’une espèce d’interminable désim-
plication. Lui parle de libération, de dépouillement, d’épuration :
le résultat est le même. Les valeurs de l’Idéaliste sont très souvent
des valeurs négatives. Quand Mallarmé parle de l’azur, ce n’est que
pour mettre la grisaille entre parenthèses. Quand le jeune hippie
que vous connaissez bien se déclare pacifiste, ça veut peut-être dire
qu’il n’a pas envie de faire son service militaire. Quand votre voisin
barbu (et néanmoins prof de philo) proteste contre la société de
consommation, c’est peut-être tout simplement qu’il n’aime pas le
bruit ou qu’il n’a pas envie de travailler ce jour-là. L’Idéaliste éprouve
finalement beaucoup de peine à définir les valeurs constructives
pour lesquelles il est prêt à se donner. Dans le langage taoïste, on
le dira infiniment plus Yin que Yang. Anarchisme secret, indigna-
tions sonores, pessimisme latent, méfiance injustifiée, esprit critique
exacerbé, goût abusif du reproche envers les proches. Quand il
regarde le soleil, la première chose qu’il remarque, ce sont les tâches
noires qui l’encombrent. Il ne serait cependant pas raisonnable
de lui en vouloir car la conscience ne peut éclore qu’au sein d’un
esprit négatif. Les autres, ceux qui sont gais, contents, optimistes et
confiants, prendront à côté de lui un côté presque puéril. On n’est
jamais autant pleinement conscient, autant parfaitement lucide
qu’au cours des promenades qu’on fait parfois le soir au coucher
du soleil. Ce sont les lumières du crépuscule qui ouvrent les portes
du royaume de l’ombre.
Mais le royaume de l’ombre, c’est quelquefois l’Enfer. Il n’est pas
rare que le « négativisme » de l’idéalisme, c’est-à-dire sa tendance à
voir d’abord le côté noir des êtres et des choses, se retourne contre
lui. L’Idéaliste a tellement d’aptitude naturelle à nier, à contester, à
repérer le point de moindre résistance ! Comment ne serait-il pas
parfois tenté par la négation de sa propre personne ? Comment
n’aurait-il pas, quelque part, secrètement, le fantasme secret de
l’auto-destruction ? Le grand secret de l’Idéaliste, c’est qu’il ne s’aime
pas. Il n’aime pas ce qu’il fait, il n’aime pas ce qu’il dit, il n’aime
pas ce qu’il vit. Il passe son temps à éprouver des remords pour
tout ce qu’il a commis et des regrets pour tout ce qu’il aurait pu