C’est peut-être dommage. Les vacances invitent souvent
        
        
          à la décontraction, à l’ouverture, à la prise de recul et tous
        
        
          ces phénomènes facilitent considérablement l’esprit de
        
        
          synthèse et l’imagination de solutions inédites.
        
        
          Tout se passe comme s’il y avait deux temps pour le
        
        
          cerveau. Un «
        
        
          
            temps intensif
          
        
        
          », propice à la concentra-
        
        
          tion, à la rigueur, au rendement quantitatif et un «
        
        
          
            temps
          
        
        
          
            extensif
          
        
        
          », propice non seulement à la fantaisie, mais
        
        
          aussi à une certaine forme de lucidité, permise par la
        
        
          prise de recul.
        
        
          On admire tellement mieux le Mont Blanc quand on n’a
        
        
          pas le nez dessus !
        
        
          Personnellement, toutes les décisions importantes de ma
        
        
          vie, je les ai prises en vacances. Parfois dans le train du
        
        
          retour, à une heure de chez moi. Tout se passe comme si
        
        
          l’oubli des urgences me permettait enfin de me consacrer
        
        
          un peu à ce qui est réellement important, c’est-à-dire à ce
        
        
          qui est si important que ce n’est plus urgent, comme la
        
        
          détermination des critères qui décideront en dernier
        
        
          recours de la réussite ou de l’échec de ma vie.
        
        
          Attention ! Je ne suis pas en train de faire l’éloge des
        
        
          vacances au détriment de la vie professionnelle. Des
        
        
          vacances éternelles ne seraient pas seulement insuppor-
        
        
          tablement ennuyeuses. Elles seraient aussi complètement
        
        
          stériles du point de vue de la réflexion ou de la création
        
        
          personnelles.
        
        
          Il me semble que l’idéal réside dans une alternance inten-
        
        
          sive. Les idées lumineuses ne se rencontrent guère dans
        
        
          la concentration extrême. Elles ne prolifèrent pas non
        
        
          plus dans l’oisiveté ludique. Là où elles ont le plus de
        
        
          chances d’apparaître, c’est dans les situations d’alternance
        
        
          intensive de ces deux états contradictoires. L’état de
        
        
          concentration sème. L’état d’oisiveté ludique moissonne.
        
        
          L’art de perdre son temps
        
        
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