certains pays, comme l’Argentine, le pouvoir appartenait
        
        
          aux grands propriétaires terriens que l’on appelait aussi,
        
        
          souvent, les «
        
        
          
            nobles
          
        
        
          ».
        
        
          Dans la civilisation industrielle, celle qui s’est terminée en
        
        
          France dans les années 1970 et qui perdure dans un
        
        
          grand nombre de mégalopoles de pays en voie de déve-
        
        
          loppement, le pouvoir appartenait aux détenteurs du
        
        
          capital industriel et donc financier (il faut de gros inves-
        
        
          tissements pour acheter des machines) : ceux que Marx
        
        
          appelait les «
        
        
          
            Capitalistes
          
        
        
          ».
        
        
          Dans la période actuelle (en France, dans les années
        
        
          2000), période intermédiaire entre la civilisation indus-
        
        
          trielle et la civilisation interactive que nous appelons la
        
        
          « Crise », précisément parce qu’elle est un état instable et
        
        
          intermédiaire, le pouvoir appartient de moins en moins
        
        
          aux détenteurs du capital industriel ; il n’appartient pas
        
        
          encore réellement aux experts.
        
        
          En effet, Internet n’en est encore qu’à sa préhistoire, et il
        
        
          est bien difficile à un écrivain qui vient d'écrire une
        
        
          œuvre de génie de le faire savoir au monde entier s'il n'a
        
        
          pas de « relations » et s’il ne maîtrise pas le langage des
        
        
          médias.
        
        
          Car aujourd’hui l’écrivain le plus connu, comme le cuisi-
        
        
          nier le plus connu, n’est pas nécessairement le meilleur
        
        
          écrivain, ni le meilleur cuisinier : c’est le plus « média-
        
        
          tique ». La préfiguration des fameuses « autoroutes de
        
        
          l’information », c’est une juxtaposition de médias très
        
        
          puissants mais très grossiers, qui ne fonctionnent que
        
        
          dans un sens et qui ne véhiculent en quantité massive
        
        
          qu’une dose minuscule d’information, sélectionnée
        
        
          d’abord pour son côté spectaculaire.
        
        
          Audimat oblige !
        
        
          L’écrivain ou le cuisinier le plus connu, faute d’être lui-
        
        
          même directement médiatisé, peut l’être indirectement
        
        
          et d’en faire perdre aux autres
        
        
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