Dictionnaire des mots en voie de disparition - page 92

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D
ictionnaire
des mots
en
voie
de
disparition
1/ En premier lieu il est possible, depuis déjà un demi-siècle, de se livrer
une guerre par territoires interposés, comme ont su le faire les États-Unis
et l’URSS au Viêt Nam. Cette solution présente le gros avantage, pour les
véritables belligérants qui se ­tiennent dans l’ombre, de préserver leur pays
et leurs hommes, et de les en­richir au lieu de les appauvrir. On peut ainsi
imaginer que le terrain de bataille de la guerre annoncée entre la Chine et
les États-Unis se déroulera en terrain musulman. L’Iran offre par ­exemple
un territoire idéal pour le conflit indirect. Il suffirait ainsi aux gouver-
nements occidentaux (qui le font d’ailleurs déjà très bien) d’appuyer
les rebelles au pouvoir central, ceux qui luttent héroïquement pour la
­
démocratie
ou le respect de leurs
droits de l’homme
(c’est-à-dire une
manière de vivre similaire à la nôtre) tandis que le gouvernement chinois,
adepte d’une économie administrée, appuiera de son côté le pouvoir
central iranien pour maintenir la cohésion sociale, qui, depuis Confucius,
a toujours prévalu dans toute l’Asie sur les caprices et les droits de l’in-
dividu. Il est probable qu’à terme, dans une configuration de ce genre,
la Chine l’emportera puisque pour des raisons démographiques,
­géographiques, écologiques et culturelles profondes, l’Asie ne pourra
­jamais s’offrir le mode de consommation irresponsable et chaotique
dont l’Amérique du Nord a pris l’habitude, par exception, depuis un
siècle seulement.
2/ On peut aussi imaginer des guerres sans violence physique (donc sans
armée) sur des territoires immatériels (déconnectés d’une frontière ou
d’une nation précise). Une guerre des monnaies peut être ainsi ­imaginée
qui se fixerait pour but de ruiner un adversaire en exportant de la dé-
flation (c’est déjà le cas aujourd’hui avec le yuan). Une cyber-invasion
pourrait être également conçue qui se fixerait pour objectif d’anéantir les
serveurs informatiques de l’adversaire. La guerre des télécommunications
est quant à elle déjà devenue une réalité quotidienne : ce n’est pas par
hasardqueplusieurs républiques islamiques (Iran, Algérie, Arabie ­saoudite)
surveillent l’usage des paraboles de télévision ou que le gouvernement
chinois restreint l’accès à des sites comme Google ou Facebook, qui font
un pied de nez à l’orchestration de toute la société par l’État.
3/ Enfin, on peut dès aujourd’hui pratiquer la
guerre déconcentrée,
­omniprésente et perpétuelle, non localisée dans l’espace et non limitée
dans le temps, mêlée d’opérations de séduction comme au bon vieux
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