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D
ictionnaire
des mots
en
voie
de
disparition
1/ En premier lieu il est possible, depuis déjà un demi-siècle, de se livrer
une guerre par territoires interposés, comme ont su le faire les États-Unis
et l’URSS au Viêt Nam. Cette solution présente le gros avantage, pour les
véritables belligérants qui se tiennent dans l’ombre, de préserver leur pays
et leurs hommes, et de les enrichir au lieu de les appauvrir. On peut ainsi
imaginer que le terrain de bataille de la guerre annoncée entre la Chine et
les États-Unis se déroulera en terrain musulman. L’Iran offre par exemple
un territoire idéal pour le conflit indirect. Il suffirait ainsi aux gouver-
nements occidentaux (qui le font d’ailleurs déjà très bien) d’appuyer
les rebelles au pouvoir central, ceux qui luttent héroïquement pour la
démocratie
ou le respect de leurs
droits de l’homme
(c’est-à-dire une
manière de vivre similaire à la nôtre) tandis que le gouvernement chinois,
adepte d’une économie administrée, appuiera de son côté le pouvoir
central iranien pour maintenir la cohésion sociale, qui, depuis Confucius,
a toujours prévalu dans toute l’Asie sur les caprices et les droits de l’in-
dividu. Il est probable qu’à terme, dans une configuration de ce genre,
la Chine l’emportera puisque pour des raisons démographiques,
géographiques, écologiques et culturelles profondes, l’Asie ne pourra
jamais s’offrir le mode de consommation irresponsable et chaotique
dont l’Amérique du Nord a pris l’habitude, par exception, depuis un
siècle seulement.
2/ On peut aussi imaginer des guerres sans violence physique (donc sans
armée) sur des territoires immatériels (déconnectés d’une frontière ou
d’une nation précise). Une guerre des monnaies peut être ainsi imaginée
qui se fixerait pour but de ruiner un adversaire en exportant de la dé-
flation (c’est déjà le cas aujourd’hui avec le yuan). Une cyber-invasion
pourrait être également conçue qui se fixerait pour objectif d’anéantir les
serveurs informatiques de l’adversaire. La guerre des télécommunications
est quant à elle déjà devenue une réalité quotidienne : ce n’est pas par
hasardqueplusieurs républiques islamiques (Iran, Algérie, Arabie saoudite)
surveillent l’usage des paraboles de télévision ou que le gouvernement
chinois restreint l’accès à des sites comme Google ou Facebook, qui font
un pied de nez à l’orchestration de toute la société par l’État.
3/ Enfin, on peut dès aujourd’hui pratiquer la
guerre déconcentrée,
omniprésente et perpétuelle, non localisée dans l’espace et non limitée
dans le temps, mêlée d’opérations de séduction comme au bon vieux