AVANT-PROPOS
La direction d’une entreprise n’attire que des ennuis. Aucun
métier plus que celui de chef d’entreprise n’est susceptible
de délabrer autant l’ensemble des relations humaines
d’un individu. Tous les rapports deviennent médiatisés
par l’intérêt ou par l’argent. Tout est truqué. Les sourires
hypocrites affluent de toutes parts (salariés, fournisseurs,
« amis », parents proches) tant que vous avez des chèques à
faire, et dès que vous ne voulez plus ou que vous ne pouvez
plus en faire on vous délaisse ou l’on vous crache au nez,
histoire d’équilibrer le système.
En vertu de cette loi, vieille comme le monde, selon laquelle
on va naturellement chercher l’argent là où il se trouve,
tant que vous êtes physiquement capable de faire un
chèque, les solliciteurs de tous poils vous harcèlent jours
et nuits. Femme mûrissante, enfants grandissants, salariés
gourmands, « caisses » insatiables, fisc impitoyable,
clients épris de réductions, fournisseurs épris de ventes
additionnelles, viennent à chaque instant vous rappeler
leur pénible existence. Il ne vous reste plus qu’à attendre
avec impatience, non les vacances (les « amis » sont là aussi
à l’affût), mais la mort pure et dure.
Pour couronner le tout, on attend de vous une mission
impossible. Le chef d’entreprise est en quelque sorte de nos
jours l’homme qui est censé faire travailler les autres dans
un monde où plus personne n’a envie de travailler. C’est là
que se situe la cause principale, scandaleuse, mais occultée
de ce qu’on appelle le « chômage » dans les pays riches,
dont la France est l’un des meilleurs exemples. La richesse,
la beauté et la qualité de vie naturelle du pays, la producti-
vité de l’économie nationale, la protection sociale la plus
élevée du monde, l’exigence des postes à pourvoir et
l’hyperexigence des candidats au travail font qu’il devient