Or, dans les relations humaines, ce type de comporte-
ment ne conduit à rien.
D’où le malaise.
Dans les rapports entre êtres humains, contrairement à ce
qui se passe quand on regarde la télévision ou quand
on fait ses courses dans un grand magasin, on ne peut
rien avoir sans volonté patiente. Cette vertu, nous la
nommerons la «
Persistance
». Elle est la forme que prend
la concentration quand on la restitue dans une perspe-
ctive chronologique.
Une relation ne vaut en quelque sorte que ce qu’on a
payé pour elle. Un couple se construit comme une
maison, puis s’entretient régulièrement comme elle. On
peut marier les gens par ordinateur. Mais la résolution de
rester ensemble, jusqu’au bout, quoi qu’il arrive, aucune
machine ne peut la garantir.
C’est ainsi que l’attitude suscitée par la civilisation média-
tique, qui consiste à attendre que la relation s’entretienne
toute seule ne peut conduire qu’à l’échec douloureux. Ce
que les médias font oublier c’est que l’on n’est heureux
qu’à proportion de ce qu’on donne.
La vie de couple a un prix. Il ne faut pas se raconter
des histoires. On peut même dire que la vie de couple
ne vaut que ce qu’on a payé pour elle. Comme une
auberge espagnole où l’on ne trouve que ce qu’on
apporte. Les relations faciles ne valent pas grand-chose
par cela même qu’elles sont faciles. Une relation où
il faut écrire des lettres, attendre plusieurs jours, guetter
le facteur, écrire encore, espacer les rencontres de
plusieurs semaines parce qu’on habite loin, a plus de
valeur pour nous qu’une relation facile, tout simplement
parce qu’elle nous a coûté plus cher.
Tout se passe en fait comme si l’amour et la souffrance
étaient une seule et même chose. Qui croit obtenir
L’art de se faire des ennemis
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