avancée ne peut fonctionner que dans le cadre d’une
mentalité égocentrique, individualiste et matérialiste. Et
cette mentalité n’est guère compatible avec la fondation
d’une tribu, laquelle exige du désintéressement.
La seconde raison est liée à l’accélération du temps. Le
TGV, le téléphone cellulaire, les microprocesseurs qui
doublent de vitesse tous les deux ans, nous apprennent à
vivre vite, à éviter de perdre notre temps.
Or, sans perte de temps, il n’y a pas de rapport humain
possible.
C’est pour cela qu’il est bien plus facile de réussir sa vie
avec les autres lorsque l’on ne travaille pas, que l’on n’est
pas trop riche et que l’on vit hors des grandes villes
industrialisées.
C’est pour cela qu’il est bien difficile de s’en sortir quand
on vit à Paris, qu’on adopte une démarche profession-
nelle, même dans la vie privée, et qu’on vit à cent à
l’heure, tout simplement peut-être parce qu’on n’a pas
le choix.
En fait, tout se passe, quand on recherche une rencontre
pour la vie (ou pour une bonne tranche de vie) comme si
le grand secret était précisément de se comporter non
comme un citadin mais comme un paysan, non en indus-
triel mais en agriculteur. Tout se passe en fait comme si le
grand secret se trouvait dans l’art patient d'apprivoiser,
en venant arroser chaque jour un peu, plutôt qu'en
faisant des investissements massifs ou des réflexions
abondantes sur la manière d’augmenter la productivité
du système.
Il en est en effet de l’amour comme des tajines marocains.
La réussite est liée au respect d’un facteur temps incom-
pressible. On ne peut réussir le tajine qu’en le
faisant mijoter très longtemps à feu doux. On ne peut
et de saboter ses relations de couple
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