Mais ceci ne suffit pas.
Je suis depuis toujours un amateur d’encyclopédies. Je les
collectionne. Et quand je suis dans une librairie étran-
gère, mon premier souci est de repérer le rayon des ency-
clopédies dans l’espoir d’y trouver, enfin, le livre qui, en
un seul volume, me dira tout sur tout et en particulier,
comment vivre.
Entre les encyclopédies anglo-saxonnes et les encyclopé-
dies françaises, une différence saute aux yeux. Là où les
encyclopédies françaises aiment démonter longuement
des mécanismes abstraits ou développer des théories en
langage universitaire, les encyclopédies anglo-saxonnes
se recentrent sur l’énoncé de chiffres, de faits, de tech-
niques précises, de recettes pratiques ou d’anecdotes
concrètes. Une distance beaucoup moins grande semble
être prise vis-à-vis de la réalité brute. En sorte qu’à
chaque fois, je me fais finalement cette réflexion qu’il doit
être infiniment plus facile de traduire une encyclopédie
américaine en langue française que le contraire.
Or, le savoir-faire pratique possède sur le savoir théorique
deux avantages énormes :
1)
Il sert à quelque chose et en particulier, il peut vous
faire gagner de l’argent.
2)
Le savoir-faire pratique est beaucoup plus facilement
mémorisé. Apprenez la chronologie des rois de France.
Un mois plus tard vous êtes à peu près sûr de l’avoir
oubliée. Apprenez à nager ou parler allemand, il vous en
restera toujours quelque chose, même si vous avez l’im-
pression d’oublier.
Il y a donc un art de parler ou d’écrire pour dire quelque
chose et cet art, pour un jeune Français, doit faire l’objet
d’un apprentissage particulier. Tout se passe comme si
le système éducatif, en France, nous désapprenait la
L’art de se faire des ennemis
90