de l’autre : il ne faut pas l’ignorer. Il faut savoir aimer non
de la tendresse diffuse d’une grand-mère, mais d’un inté-
rêt authentique et personnalisé.
Nous appellerons ce talent la «
Compassion
». Certains
le possèdent naturellement. D’autres doivent l’acquérir.
Une compassion acquise vaut plus qu’une compassion
innée pour cette simple raison qu’il a fallu payer le prix
pour l’obtenir.
Les civilisations industrielles encouragent au contraire
fortement le «
matérialisme
» du consommateur ou
l’«
individualisme
» de l’entrepreneur. Il ne faut pas cher-
cher plus loin l’explosion du célibat et le marché de la
solitude dans les pays riches. Cela est d’autant plus grave
que tout homme reconstitue inconsciemment autour de
lui, sa vie durant, le cadre de son enfance. Tout ce que
nous commettons, non seulement nous le recommettrons
personnellement un jour ou l’autre, mais nous pouvons
encore être certains que nos enfants et nos petits-enfants
le recommettront un autre jour, plus tard, tout simple-
ment parce qu’ils nous l’ont vu faire étant enfants. Rien
n’est plus contagieux que l’égoïsme, non seulement,
comme tout microbe, dans l’espace, mais également dans
le temps. L’égoïsme provoque de ce point de vue de véri-
tables carambolages, surtout d’ailleurs quand il y a du
brouillard et qu’on ne sait pas très bien où l’on va.
De là, trois premières recommandations :
Si vous ne possédez pas l’aptitude naturelle à la
compassion, ayez le désir de l’acquérir. En d’autres
termes, ayez le désir sincère de progresser dans l’intérêt
spontané que vous ressentez pour ce que les autres
sont !
Dans la rencontre ou la fréquentation, soyez plus
intéressé par la « nature » intrinsèque de votre interlo-
cuteur (ce qu’il est, ce qu’il pense, ce qu’il dit, ce qu’il
L’art de se faire des ennemis
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