Critiquez sans ménagement
Q
uelles que soient les bonnes raisons qu’on ait, le
simple fait de faire une critique déclenche une série
de processus indésirables :
— Notre interlocuteur, se sentant menacé, se bloque, se
braque, s’immobilise, se recroqueville dans sa carapace
et devient brutalement imperméable à tout ce que nous
pourrons dire d’intelligent par la suite. La critique aboutit
de ce point de vue souvent, non à un infléchissement,
mais à un durcissement de la conduite. Le moyen se
retourne ici contre la fin qu’il sert.
— La relation peut être abîmée. Si la rencontre est fraîche,
en particulier, la relation est fragile. Une simple critique
suffit parfois à lui donner un coup mortel.
On a donc tout à perdre à faire des critiques et, semble-
t-il, peu de choses à y gagner.
Il est très difficile de changer les gens et de tous les
moyens, la critique est le plus mauvais.
La critique est un art maléfique. Son champ s’étend à
l’infini sous forme de cercles excentriques. On peut s’en
prendre ainsi :
— à la personne de l’interlocuteur : sa manière d’être,
d’agir, de vivre et de penser.
— à son apparence extérieure : ses vêtements, son allure.
— à ses objets ou à ses biens : voiture, maison, jardin.
— aux êtres qui l’entourent : proches, amis, collabora-
teurs, simples fréquentations...
Il en est des critiques comme des compliments. Elles por-
tent d’autant plus qu’elles sont réalistes, précises, argu-
mentées, originales, inattendues et qu’elles s’en prennent
aux meurtrissures individuelles. Critiquer le chômage
L’art de se faire des ennemis
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