Les seconds sont ceux qui ne sont décidément vraiment
        
        
          pas doués par la nature ou défavorisés par un statut
        
        
          d’immigrés en peine d’intégration. Ceux-là deviennent
        
        
          les fameux «
        
        
          
            exclus
          
        
        
          », qui donneront sans doute tant de
        
        
          fil à retordre à ceux de ma génération d’ici quelques
        
        
          dizaines d’années.
        
        
          Les techno-intégrés peuvent eux aussi faire l’objet d’une
        
        
          distinction :
        
        
          — Les «
        
        
          
            responsables
          
        
        
          », de loin les plus nombreux, béné-
        
        
          ficiant de la double intégration technique et sociale et
        
        
          bénéficiant de ce fait d’un pouvoir (et d’un devoir) très
        
        
          considérable.
        
        
          — Les «
        
        
          
            autonomes
          
        
        
          », ingénieurs, artistes ou chercheurs,
        
        
          compétents mais peu sociables, davantage motivés par
        
        
          une quête personnelle que par les responsabilités.
        
        
          La révolte des exclus ne manquera pas d’être le fait
        
        
          politique, économique et social majeur — de la France et
        
        
          du monde — dans les trente prochaines années, le grand
        
        
          problème douloureux de ma génération. Quand j’arri-
        
        
          verai à l’âge de la retraite, vers l’an 2025 (j’aurai alors
        
        
          soixante-quatre ans), la violence, non seulement des
        
        
          banlieues, mais également du centre ville (où cohabi-
        
        
          teront — non pacifiquement — les milliardaires et les
        
        
          clochards) battra alors son plein. Les marchands de
        
        
          systèmes d’alarme de sécurité feront fortune. Les atten-
        
        
          tats seront quotidiens ; les détournements d’avions,
        
        
          hebdomadaires ; le terrorisme, omniprésent.
        
        
          Le cloisonnement social se fera cependant sur le savoir-
        
        
          faire technique ou social, et non plus, comme hier, sur le
        
        
          capital. Ce qui constituera la richesse d’une nation, ce
        
        
          sera non plus le « PNB » comme aujourd’hui, mais
        
        
          le niveau de formation pratique des habitants. Ce qui
        
        
          constituera le patrimoine d’un individu, ce sera non plus
        
        
          et d’en faire perdre aux autres
        
        
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