Toute chose, tout être ou tout mouvement possède
        
        
          quelque part une contrepartie qui l'équilibre aussi sûre-
        
        
          ment que le Passif et l’Actif s’équilibrent mutuellement
        
        
          dans un bilan comptable, l'équivalent du négatif que le
        
        
          photographe ne manque jamais de vous remettre dans
        
        
          la même enveloppe que la photo.
        
        
          L’Holos, ce dieu grec qui n’existe pas et qu’on ferait bien
        
        
          d’inventer pour figurer le Tout, aime profondément la
        
        
          symétrie. Il y revient toujours. Les deux moitiés d’une
        
        
          entité sont pratiquement toujours superposables, qu’il
        
        
          s’agisse des deux moitiés d’une pomme, d’une feuille,
        
        
          d’un corps humain, d’une histoire d’amour ou d’une civi-
        
        
          lisation.
        
        
          L’Holos oppose toujours à l’entité une contre-entité équi-
        
        
          valente. L’Holos aime le chiffre deux. Il n’est peut-être
        
        
          d’ailleurs pas autre chose que ce chiffre deux, développé
        
        
          à l’infini, tout en pointant passionnément – mais désespé-
        
        
          rément – en direction du chiffre un.
        
        
          Ceci induit bien sûr quelques recommandations de bon
        
        
          sens :
        
        
          
            Dans les situations les plus heureuses, ne jamais
          
        
        
          
            perdre sa vigilance.
          
        
        
          
            Dans les situations les plus désespérées, ne jamais
          
        
        
          
            perdre espoir.
          
        
        
          
            Ne jamais s’abandonner complètement à ce (ou à
          
        
        
          
            ceux) qu’on aime.
          
        
        
          
            Ne jamais réduire son ennemi au désespoir.
          
        
        
          Car celui qui fait, contrairement à celui qui pose, doit
        
        
          tenir compte à chaque instant de cet axiome élémentaire :
        
        
          
            Ne tient la route que ce qui est assis en permanence sur deux
          
        
        
          
            jambes de même longueur.
          
        
        
          L’art de perdre son temps
        
        
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