L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
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aleur
ajoutée
Convergence
Avec la disparition des frontières artificielles fleurit le marché des asso-
ciations inattendues. Des cafés offriront des projections de cinéma, les
universités proposeront des services de relaxation, les transports aériens
donneront accès à des programmes de formation professionnelle en
langues étrangères afin de rentabiliser utilement le temps de vol. D’une
façon générale, il sera aisé de créer de la valeur ajoutée en faisant jouer la
convergence. La fusion sera la grande mode : les restaurants fusion mé-
langeront les saveurs asiatiques et bretonnes ; la musique fusion assortira
le jazz manouche et les danses norvégiennes folkloriques ; le cinéma
fusion proposera des mélanges inédits de western et de science-fiction ;
on pourra combiner, au sein d’un cursus fusion, des études médicales et
une école de commerce.
Simplification
Avec la complexification du monde fleurira également le marché de la
simplification. On pourra apprendre la médecine simplement, dans le
genre « La médecine pour les nuls » ou en regardant des dessins animés
de formation de 45 minutes dans le métro. Il sera possible de recevoir
chaque matin sur son mobile un résumé en 10 minutes, intelligible et
personnalisé de l’actualité de sa branche professionnelle. Plus l’hyper-
choix est grand, plus le besoin de filtre est nécessaire. Plus la complexité
grandit, plus le besoin se fait sentir de programmes de simplification (ou
de la
simplixication,
pour les amateurs de synthèses croustillantes, de
mots alambiqués, de synthèses
simplexes
).
Personnalisation
Avec la standardisation des procédures et des produits, avec l’uniformisa-
tion du monde qu’impose la mondialisation, tout ce qui est personnalisé
prend de la valeur et donc de la valeur économique. Il n’est pas impos-
sible par exemple que le métier des écrivains de demain ne soit plus
de s’exprimer à travers un poème, un roman, un essai, mais de rédiger
la biographie personnelle d’un de leurs clients, exactement comme
les peintres d’autrefois étaient payés fort cher pour tirer le portrait
d’un cardinal, d’un grand seigneur, d’un opulent bourgeois. Il n’est pas