L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
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E
On peut également imaginer qu’un même livre puisse donner lieu
à plusieurs éditions : une édition minimale limitée par exemples aux
synthèses (1) et (2), une version complète payante, dite version « Pro »
à la manière d’un logiciel, téléchargeable depuis Internet en contrepartie
d’un numéro de carte de crédit.
L’avenir n’est donc pas à l’édition unique d’un produit au format
Gutenberg, standard universel imposé à tous les livres par la logique indus-
trielle des chaînes d’impression et de distribution, mais à une multitude
de « formatages » personnalisés, de microéditions uniques mais ultra-
personnalisées en fonction de différents paramètres, parmi lesquels :
– La taille du texte proprement dit en fonction des différents niveaux de
zoom décrits précédemment ;
– la mise en page, le format des pages, le choix du papier et donc le poids
final du livre ;
– la taille et la police des caractères pour compenser la presbytie d’une
population toujours vieillissante ;
– la langue de lecture, laquelle peut être distincte de la langue d’écriture
grâce aux progrès des logiciels de traduction ;
– le terminal de lecture sélectionné : imprimante, e-book, ordinateur,
télévision, objet nomade (iPhone, tablette, etc.), radio, autoradio,
prothèse auditive externe, implant cérébral.
Dans cette optique, on peut se demander si une bonne partie de la valeur
ajoutée d’un livre ne réside pas dorénavant dans la personnalisation de
son formatage.
Ce qui fait la qualité d’un vêtement, c’est moins l’étoffe que sa coupe
parfaite, sa personnalisation par le tailleur.
E
mbouteillage
L’avenir n’a pas que des côtés gris. Comme pour des raisons évidentes
de coût, à l’échelle de quelques décennies, le parc global de voitures
individuelles devrait sérieusement diminuer au profit des transports en
commun, les périphériques parisiens devraient être désencombrés. On
se retrouvera peu à peu à remonter le temps et à retrouver la fluidité du
trafic des années 1980, puis 1970, 1960, etc. jusqu’à retrouver celui des
tacots de la Belle Époque. Les autoroutes (désaffectées) en plus.