Dictionnaire des mots en voie de disparition - page 74

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D
ictionnaire
des mots
en
voie
de
disparition
ou les distribuent à la façon de n’importe quelle entreprise. Pour en voir,
il suffit de se rendre sur une place de marché le dimanche matin ou le
même dimanche, mais dans l’après-midi, dans un village qui ouvre ses
rues à un vide-grenier.
D’un point de vue pratique cette fois, une entreprise s’est longtemps
­caractérisée par un regroupement de salariés autour d’un employeur
pour travailler ensemble en un lieu donné selon des horaires donnés,
afin de réaliser des profits.
Or, aujourd’hui, demain, la diversité des formes prises par les entreprises
est telle que chacun de ces paramètres devient une option aisément
résiliable.
La notion de salarié est par exemple en train de se raréfier au profit
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de bénévoles ou de collaborateurs indépendants qui gravitent autour
de l’entreprise sans lui appartenir juridiquement.
L’employeur ressemble de moins en moins à un employeur ne
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serait-ce que parce qu’il n’emploie plus d’employés.
Avec le télétravail, l’augmentation des coûts de déplacements et le
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développement de l’ubiquité, de moins en moins de collaborateurs
se sentent obligés de se rendre chaque jour dans les locaux de leur
entreprise : ils travaillent de plus en plus avec leur ordinateur à la
­maison, dans les transports en commun, sur des places de parking,
etc. Il n’est pas rare non plus de trouver des entreprises complète-
ment nomades sans locaux fixes ni siège social. Une boîte aux lettres
virtuelle est alors créée dans un immeuble d’affaires (ou chez la mère
du patron) et le système s’organise autour du téléphone portable de
l’entrepreneur mobile qui, parfois, ne consacre à l’entreprise qu’une
petite partie d’une vie très compliquée (le reste se partageant entre
d’autres entreprises… et son éventuel employeur).
Les horaires se déstandardisent aujourd’hui plus qu’ils ne l’ont
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jamais fait. Les collaborateurs indépendants, qui sont souvent libres
de travailler où bon leur semble et quand ils le souhaitent, respectent
rarement des horaires conventionnels. Ils n’hésitent pas à travailler
le week-end ou tard le soir, en contrepartie de quoi ils s’accordent
fréquemment des récréations ludiques en pleine semaine en ­fonction
des baisses d’activité, de leurs baisses d’énergie, de la baisse de
­luminosité en hiver ou de leurs caprices d’humeur.
La finalité de l’entreprise n’obéit plus toujours à une simple logique
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de profit. Certaines sont bénévoles, d’autres idéologiques, d’autres
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