Agir avec précipitation
L
’éparpillement dans l’espace peut se transcrire dans
le temps et change alors de nom. On parlera alors de
«
précipitation
». La précipitation est un nouveau méca-
nisme (ou sous-mécanisme) d’échec universel. La préci-
pitation peut vous faire échouer et dans la vie de l’esprit
(ce qu’avait déjà compris Descartes) ou dans la vie du
cœur, et dans la vie active.
Il y a des situations où le jeune homme de 20 ans fera
preuve d’une efficacité plus grande que celui de 40. Ce
sont en général des situations physiques, militaires ou
sportives où le plus important est d’avoir d’excellents
réflexes. Mais, en général, dans les situations complexes
de la vie professionnelle ou sociale, le quadragénaire se
débrouille mieux. On dit qu’il a plus d’expérience,
plus d’assurance. Le fait est qu’il gagne mieux sa vie
en général, et que lorsqu’il se lance dans une entreprise,
elle aboutit le plus souvent.
L’ « expérience » du quadragénaire correspond en pratique
à l’interposition entre sa décision d’agir et l’action effective
d’une multitude de micro-souvenirs : des victoires, mais
aussi des défaites, grandes ou petites, qui, tout en ralen-
tissant l’action, contribueront à la nuancer à l’infini.
L’action impulsive est quelquefois payante, en particulier
sur les champs de bataille, dans les compétitions sportives
et parfois même dans les affaires. Mais il y a également un
«
art de différer
». Et tous les spécialistes de l’action le
savent. Agir immédiatement présente en général deux
grandes familles d’inconvénients :
— L’action immédiate ne laisse pas le temps de synthétiser
les nombreux paramètres d’une situation.
— L’action impulsive est souvent perturbée par l’émo-
tion. La lenteur traditionnelle (parfois excessive) de la
L’art de perdre son temps
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