de l’adrénaline. En situation de danger ou d’urgence,
        
        
          l’instinct de survie réveille nos ressources cachées – la
        
        
          partie immergée de l’iceberg – lesquelles sont de loin les
        
        
          plus importantes.
        
        
          Tout se passe comme si, pour vivre véritablement, il fallait
        
        
          vivre dans le danger.
        
        
          Tout se passe comme si, hors du danger, dans le confort
        
        
          et la sécurité, l’être humain se mettait rapidement en
        
        
          « mode veille », s’assoupissant dans une sorte de sieste,
        
        
          abandonnant l’essentiel de sa valeur et de ses capacités.
        
        
          Tout se passe comme si la différence de valeur essentielle
        
        
          entre deux individus tenait principalement à la quantité
        
        
          respective de pression qui pèse sur eux.
        
        
          Balzac n’aurait sans doute jamais écrit autant s’il n’avait
        
        
          été en permanence harcelé par les dettes. Les trois cent
        
        
          Spartiates de Thermopyles ne seraient sans doute pas
        
        
          parvenus à arrêter l’armée des Perses à eux tout seuls si la
        
        
          survie même de la Grèce n’avait été alors remise en
        
        
          cause.
        
        
          Inversement, l’assoupissement régulier de la bureau-
        
        
          cratie chinoise, conformiste, opulente et sûre d’elle,
        
        
          explique probablement l’histoire cyclique de la Chine
        
        
          depuis quarante siècles. Pendant deux cents ans environ,
        
        
          une dynastie étale ses fastes et sa splendeur. Au fil des
        
        
          années, la vie facile, le confort et la sécurité endorment
        
        
          les ressources humaines des cadres corrompus. Un petit
        
        
          noyau de rebelles déterminés ou de voisins pugnaces
        
        
          (Mandchous souvent, Mongols parfois), aiguillonnés
        
        
          par la prise de conscience de leur propre faiblesse et de
        
        
          la force de l’adversaire, s’emparent alors du pouvoir
        
        
          avec une facilité déconcertante. Et un nouveau cycle
        
        
          recommence.
        
        
          Une poignée d’hommes en situation de survie obtient
        
        
          et d’en faire perdre aux autres
        
        
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