Réalisant que ce raisonnement était absurde, Hubert
        
        
          s’arrêta brutalement sur la bande d’arrêt d’urgence et fit
        
        
          pipi sur le bord de l’autoroute.
        
        
          Certains carambolages tiennent à si peu de choses !
        
        
          Depuis cette conversation avec Hubert, une révolution
        
        
          monstrueuse s’est accomplie en moi. Je ne vois plus du
        
        
          tout les choses de la même façon. Je respecte désormais
        
        
          une philosophie de la vie, qui tient dans les recomman-
        
        
          dations suivantes :
        
        
          
            En toute chose, considère la fin. Si la fin n’est pas
          
        
        
          
            bonne ou qu’elle est trop lointaine, arrête ton bras et
          
        
        
          
            consacre plutôt ton temps à te faire plaisir.
          
        
        
          
            L’excès de moyen étouffe souvent la fin. Méfie-toi
          
        
        
          
            donc de la tentation perverse de la capitalisation exces-
          
        
        
          
            sive des moyens. Trop de livres tuent par exemple la
          
        
        
          
            lecture. Et c’est pourquoi il vaut mieux n’emmener
          
        
        
          
            qu’un seul livre avec soi ou n’en avoir qu’un seul au
          
        
        
          
            pied de son lit : le fameux « livre de chevet ».
          
        
        
          
            Méfie-toi des outils qui deviennent des passions.
          
        
        
          
            C’est trop souvent le risque majeur de la micro-
          
        
        
          
            informatique. On s’imagine d’abord que c’est un
          
        
        
          
            instrument merveilleux. On réalise ensuite qu’on en est
          
        
        
          
            devenu l’esclave. Dans « passion », il y a « souffrance »
          
        
        
          
            et « soumission ».
          
        
        
          
            Prends le contre-pied de ta génération, qui se passionne
          
        
        
          
            pour des outils et se désintéresse des finalités. Aie au
          
        
        
          
            contraire les yeux braqués sur quelques objectifs à long
          
        
        
          
            terme clairement posés et désintéresse-toi un peu plus
          
        
        
          
            de la technique et de ses exigences. Le plus important en
          
        
        
          
            toutes choses, c’est de ne pas perdre de vue le cap final.
          
        
        
          L’art de perdre son temps
        
        
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