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D
ictionnaire
des mots
en
voie
de
disparition
Le conseiller personnel
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qui, connaissant parfaitement la personnalité
de son client, ses goûts, ses disponibilités en terme de temps de lecture,
et surtout ses besoins objectifs du moment, sait établir le rapport
entre l’océan des publications nouvelles (qu’il suit de près), les valeurs
sûres (qu’il maîtrise) et la personne de son client. Il est donc capable de
conseiller non seulement le livre le meilleur, mais aussi le plus pertinent,
le plus adapté au profil de son client. Cette relation personnelle entre
le libraire et la personne implique, pour être optimisée, une ambiance
chaleureuse qui suppose le sourire, le regard et l’écoute, mais également
une aptitude à transformer le local de la librairie en un véritable lieu
d’accueil, confortable et convivial. La valeur ajoutée du libraire ne réside
en effet pas uniquement dans la connaissance qu’il a de ses produits
et même de ses clients, mais dans la reconnaissance individualisée qu’il
est capable de leur offrir dès leur entrée dans le magasin. Son métier
évolue de la « connaissance » vers la « reconnaissance ». La mise à dis-
position de grands fauteuils molletonnés avec des accoudoirs (comme
il y en a dans les cafés Starbucks), la dégustation occasionnelle de vins
chauds (en hiver) ou de citronnades fraîches (en été), des expositions
temporaires de tableaux ou l’invitation d’un auteur à présenter lui-
même ses œuvres peuvent faire une différence très importante entre
la grande surface sans âme et l’officine professionnelle dans laquelle on
ne vient pas par hasard
).
L’artisan micro-imprimeur :
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l’avenir, qui n’aime ni les effets de
masse ni les encombrements, ne s’encombrera plus d’impressions de
masse. Le libraire deviendra alors le magicien capable de transformer
un fichier numérique austère en un objet à la fois esthétique, ergono-
mique et parfaitement conforme à l’usage qu’en fera son client. La va-
leur ajoutée des livres du futur va évoluer du contenu au contenant,
du texte numérique à son incarnation, de la culture du bibliophile
amateur de lectures à celle du bibliomane collectionneur de beaux
objets. Ces objets n’auront d’ailleurs pas nécessairement la forme d’un
de nos livres actuels : un texte peut être évidemment déposé sur une
étoffe, un vêtement, un cerf-volant, une mappemonde, un vase de
rose ou le papier-peint de votre chambre.
Expert en logiciels de mise en page, équipé de matériel et de matériaux
de qualité, certains libraires excelleront dans l’art de la matérialisation des
œuvres de l’esprit, à la façon des maîtres imprimeurs de la Renaissance.
Le libraire du Futur devra donc disparaître ou devenir un artisan : il
lui faudra dans ce cas maîtriser des techniques avancées de mise en