Avoir des attitudes sans ambiguïtés
Un Cardinal de Bernis, que je n’ai jamais connu et sur
lequel je ne sais rien, a prononcé un jour une phrase qui
fait réfléchir :
« On n’abandonne l’ambiguïté qu’à son détriment ».
L’Ambiguïté, c’est en effet l’autre nom de l’équilibre. Les
philosophes taoïstes l’avaient très bien compris, quand
ils disaient que le Yang, omniprésent dans l’univers,
trouvait partout un équilibre dans un Yin équivalent
dans la puissance.
Tout se passe en fait comme si se vérifiait l’axiome
suivant :
Un excès dans un sens se solde inévitablement à court ou
à moyen terme par un excès en sens contraire équivalent
dans le rapport intensité / durée.
Plus on aime quelqu'un, plus on se condamne par là à
le haïr un jour (ou à haïr un autre à sa place par transfert).
Un excès d'activité risque fort de se solder par une période
de « dépression » et de découragement. Un excès de
sagesse risque d'éclater un jour dans un éclair de folie. Un
excès d'aventures et de vie risque, comme dans le cas du
Cardinal de Retz (un autre cardinal), de nous conduire à
la retraite.
Ce qui est vrai des événements de la vie quotidienne l'est
également des événements de la vie collective. Les excès
de rigueur de la Terreur se soldent par les excès de liber-
tinage du Directoire. Les excès de grandeur du règne
de Louis XIV ou de celui de Napoléon trouvent une
espèce de contrepartie dans les excès de médiocrité de
la Régence ou de la Restauration. Le Big Bang écono-
mique des Trente Glorieuses (1945 - 1975) est suivi d'une
L’art de perdre son temps
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