les lycées professionnels), afin que d’autres enfants puis-
sent réussir à leur place.
De la même façon, il y a certaines familles façon cadre
supérieur, où l’on apprend très tôt aux petits que lors-
qu’on ne réussit pas du premier coup, on peut
réussir du deuxième en s’y prenant d’une autre façon,
que lorsqu’on essuie une rebuffade, la réaction la plus
appropriée n’est pas de faire de la déprime, mais d’ana-
lyser le pourquoi et d’en tirer des conséquences pour
l’avenir, etc.
Il y a aussi d’autres familles, façon RMI ou chômeur de
longue durée, où l’on réitère aux adolescents, jour après
jour, que nous sommes en période de « crise écono-
mique » et que tant qu’on ne sera pas revenu au « plein
emploi », chercher du travail ne sert pas à grand-chose.
Monter sa propre entreprise ou exercer des activités
à son compte, n’en parlons pas : il faut pour cela
de l’argent et des diplômes. L’ambiance résignée de la
maison n’encourage pas non plus la prise de risque.
Le mécanisme est stéréotypé : quand on rencontre une
difficulté, on se résigne, on se plaint ou au contraire on se
révolte. On ne cherche pas à comprendre.
En d’autres termes, l’art de perdre son temps et d’en faire
perdre aux autres, l’art d’échouer dans tout ce qu’on
entreprend est aussi un ensemble de techniques aux-
quelles on s’initie inconsciemment dès la plus tendre
enfance. Et le désir profond que nourrit l’individu, à l’âge
adulte, de revivre les situations de sa jeunesse fait que
toute sa vie, obscurément, il continue le processus. Sa
réponse standard à la difficulté, à l’obstacle, à l’échec,
c’est la déprime et le découragement.
Aux enfants et aux adolescents qu’on voudrait voir réussir,
il y a pourtant un certain nombre de règles simples qu’il
faudrait leur inculquer dès le berceau :
L’art de perdre son temps
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