L'art de perdre son temps - page 50

par des professeurs d’école, ce qui nous ramène à
la situation précédente, ou par des cadres de grosses
entreprises, qui ne sont confrontés en général qu’à des
problèmes abstraits.
Ceux qui savent faire en général n’enseignent pas et
n’écrivent pas non plus.
Ils font.
En fait, le seul endroit où l’on acquiert des connaissances
utiles, c’est l’entreprise elle-même. L’entreprise, et en par-
ticulier la petite entreprise de service, est aujourd’hui la
seule entité capable d’assimiler, voire de créer, puis de
ventiler le savoir-faire utile en temps réel.
Car c’est pour elle une question de survie.
Qu’est-ce qu’une entreprise, sinon une organisation
utile, à l’affût de toutes les techniques et les informations
susceptibles d’améliorer sa productivité ? Une entreprise
qui marche, c’est une entreprise utile et productive. Une
entreprise ni utile ni productive disparaît : c’est dans sa
définition.
Tout laisse donc à penser que dans les décennies à venir,
l’entreprise prendra la succession de l’école comme lieu
de transmission du savoir-faire professionnel.
Pendant longtemps, le lot commun était constitué de trois
vies successives :
— La première vie commençait vers cinq ans avec l’en-
trée au cours préparatoire et se terminait avec le certificat
d’étude, le bac, ou un diplôme prestigieux qui décidait,
au lieu de la naissance, de la classe sociale à laquelle sa
vie durant on appartiendrait. Pendant cette première vie,
beaucoup d’apprentissage, mais pas de place pour les
loisirs (on travaille le soir et le dimanche après-midi) et
moins encore pour la vie professionnelle.
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