vingt ans et qui mettait un terme à la période de « forma-
tion ». Ce mot, aux connotations industrielles, évoque
« formatage », « mise en forme ». Quand on le prononce
on voit une barre d’acier sortir du four incandescent,
prête à servir.
Ce parcours traditionnel est devenue anachronique. Et
ceci pour au moins deux raisons :
— La quantité de savoir-faire nécessaire pour avoir un
rôle utile dans l’économie a augmenté de manière signi-
ficative : celui qui sait tout faire et rien faire n’a doréna-
vant plus beaucoup de place : la vie professionnelle ne
veut dorénavant que des « professionnels ».
— Tout savoir-faire, toute technicité, aussi pointue soit-
elle, se périme au bout de quelques années si on ne la
remet pas à jour régulièrement.
Tout se passe comme si dorénavant la seule façon de tenir
une place et de la garder dans le monde du travail était
non seulement de partir avec un bagage conséquent au
départ mais encore de se recycler en permanence. Non
pas en allant suivre un stage de deux jours tous les ans,
comme on le fait de temps en temps aujourd’hui, mais
en consacrant chaque jour quelques heures à l’apprentis-
sage ou à la réactualisation des connaissances.
Or, les connaissances utiles ne sont plus délivrées à l’école.
Plus une organisation est importante, plus elle met du
temps à réagir. Et l’Éducation nationale, en France, pre-
mière entreprise du monde par le nombre de ses salariés
(1.500.000), a besoin de cinquante ans minimum pour
ajuster sa production à la demande économico-technolo-
gique. D’autant que la plupart des enseignants ne
connaissent en général qu’un seul métier : le leur.
Les connaissances utiles ne sont pas non plus délivrées
dans les livres. Les livres d’entreprise sont souvent écrits
et d’en faire perdre aux autres
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