L'art de perdre son temps - page 47

— Écrire un livre sans défaut.
— Devenir un être parfait.
Le manque de rigueur était, dans la civilisation indus-
trielle, un pêché sans appel. Les organisations de l’indus-
trie ne pouvaient fonctionner sans des gens rigoureux.
Les mathématiques et le latin étaient donc là, solidement
assis, pour nous inoculer chaque jour leur dose de
névrose obsessionnelle. La civilisation des machines
exigeait en effet des hommes capables de s’adapter à
elle, c’est-à-dire des hommes qui lui ressemblent.
La civilisation des puces électroniques s’accommode en
revanche très bien de la diversité humaine. Les nouvelles
machines sont en effet capables de s’adapter aux profils
individuels. Il est possible de personnaliser complète-
ment l’interface de son logiciel, et d’ici quelques années
chacun disposera d’une voiture sur mesure. On passe
insidieusement d’une économie de production de masse
à une économie de production personnalisée.
Rien ne nous oblige donc plus à faire de gros efforts pour
bien mettre les points sur les « i ».
Libérés de la contrainte du perfectionnisme, nous allons
pouvoir bénéficier de toutes les ressources de la flexibilité.
La flexibilité va nous permettre de réaliser de grandes
choses. Pour parvenir à réaliser de grandes choses, il y a
en effet une condition : être capable de mépriser les peti-
tes.
La flexibilité va surtout nous permettre d’accroître de
façon significative notre productivité individuelle.
Car le perfectionnisme coûtait cher, souvent horrible-
ment cher. Le peaufinage des détails souvent, en toute
chose, prend 80 % du temps. Le premier coup d’œil
(celui-là même dont on dit qu’il est souvent le bon), ne
et d’en faire perdre aux autres
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