L'art de perdre son temps - page 52

n’implique aucunement les 40 ou 35 heures de travail
hebdomadaires auxquelles nous sommes accoutumés
mais peut au contraire se contenter de quelques heures
quotidiennes l’après-midi. Ces activités peuvent être
rémunérées ou pas, selon le degré de qualification et de
service effectif rendu à l’entreprise, ce qui permet d’inté-
grer des personnages qui ne sont pas encore ou qui ne
sont plus hyper-productifs, comme il le faut de nos jours.
Un minimum de revenu est en effet garanti par l’État
pourvu qu’on justifie d’un minimum d’activité.
Beaucoup de temps pour les loisirs et la consommation
économique et culturelle.
Deux ou trois heures par jour
consacrées à l’apprentissage et un peu plus pour le tra-
vail, cela laisse beaucoup de temps libre, à moins que
l’apprentissage et le travail ne soient devenus si amu-
sants qu’on en délaisse les loisirs. Le problème écono-
mique majeur de notre temps est qu’on produit trop par
rapport à nos besoins. Les accroissements de productivité
aidant et le nombre de « travailleurs » augmentant, il est
très peu probable que cette situation de fait régresse.
Chacun aurait alors la possibilité de faire de sa vie une
progression constante et de voir les jours de sa vie qui se
succèdent, non comme les perles d’un collier, mais
comme les marches d’un escalier : en montant.
Le pouvoir appartiendra demain à une nouvelle classe
sociale en cours d’apparition : les «
experts
».
Qu’est-ce qu’un expert ?
Un expert est celui qui a atteint une sorte de maîtrise
dans un métier ou une technicité bien précise. Il peut être
dentiste, informaticien, artisan-ébéniste, chercheur en
biologie, grand cuisinier ou conférencier illustre : dans sa
catégorie, il est l’un des meilleurs. Il est irremplaçable, car
dans son domaine très précis, il accède à une
«
excellence
» rarement surpassée. Grâce aux réseaux de
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