d’échange et d’équilibre. Il devient impossible si cet équi-
libre est rompu dès le départ par une trop grande dispa-
rité de ressources ou de générosité. L’amitié s’arrête ou
l’égalité cesse.
Si pour avoir des relations harmonieuses, il faut savoir
donner avec modération, il faut toutefois savoir aussi se
donner avec modération. Trop d’amour tue l’amour. Le
principe holistique de l’économie de moyens s’applique
ici une fois encore.
Souvent l’amour, quand il est trop sérieux, indispose ou
fait fuir. Comme si beaucoup de gens avaient au fond
peur d’être aimés. Comme si les relations humaines, pour
durer, devaient maintenir une certaine distance. Comme
si le chemin le plus court entre deux êtres était
la ligne courbe. Comme si c’était en se détournant conti-
nuellement de l’être que l’on aime que l’on finissait par le
trouver. Les autres sont comme des ombres. Lorsqu’on
leur court après, ils se sauvent. Lorsqu’on se sauve, ils
nous poursuivent. Il suffit bien souvent, pour ouvrir
la porte, de la tirer avec douceur là où on s’obstinait à la
pousser avec fureur.
Il n’est même pas mauvais parfois de savoir être un peu
méchant.
Sur le plan de la forme, une série de recommandations
pratiques en découle :
Être discret dans l’expression de ses sentiments.
Ici, plus encore qu’ailleurs, on n’exprime bien que ce que
l’on suggère. Quiconque parle à voix basse a dix fois plus
de chance d’être écouté que celui qui crie fort. La commu-
nication — comme l’amour — n’a vraiment lieu que lors-
qu’elle est difficile.
Ne jamais parler d’amour, et surtout pas dans ses
conversations amoureuses.
L’art de se faire des ennemis
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