importance presque infinie. Au bout de trois mois, vous
réalisez brutalement qu’il n’est en fait, comme vous,
qu’un pauvre humain, avec des coups de
blues
, des coups
de pompe, des maux de tête et des rages de
dents. C’est une désillusion et une souffrance. On s’en
affranchit quelquefois par des accusations agressives et
méchantes, ou encore par l’espoir qu’on pourra malgré
tout le changer afin qu’enfin il puisse nous donner la
réplique dans notre tragédie de rêve. Au bout de trois
ans, on réalise qu’on ne pourra pas le changer. C’est de
nouveau une désillusion et une souffrance, mais cette
fois moins virulente et plus désespérée en même temps.
Rien de tout cela n’arrive quand vous aimez vraiment,
puisque l’amour vrai est quant à lui un sentiment objec-
tif. Le sentiment objectif est le sentiment qui, contraire-
ment au sentiment subjectif, fait réagir ma substance
chimique en présence de celle de mon partenaire.
Il a donc besoin de beaucoup plus de temps pour se déve-
lopper car il se nourrit de la connaissance objective du
partenaire et de l’intérêt sincère qu’on a pour ce qu’il est.
On le préfère donc honnêtement à son absence. Et s’il
était du même sexe que nous, cela ne changerait rien à
l’histoire. Comme le processus exclut toute projection,
une petite imperfection (comme par exemple une petite
incompatibilité physique) peut être fort utile. Il n’y aura
ni larmes ni coups de griffe par la suite, rien que des
moments très agréables, jamais troublants.
Je vous souhaite une vie heureuse. Ma recommandation
sera donc la suivante :
Aimer les gens pour ce qu’ils sont (leur personnalité,
leurs talents, leur histoire, leurs pensées) et non pour ce
qu’ils paraissent (leur morphologie, leur emballage,
leurs manières).
L’art de se faire des ennemis
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