et de saboter ses relations de couple
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D’une part, l’homme — mais cette fois aussi souvent la
femme — continue à être tiré hors de la famille par
la voix des sirènes. Le travail, les transports, la ville,
les médias, le téléphone, la formation professionnelle
permanente, constituent des forces centrifuges incohé-
rentes, mais irrésistibles, des occasions de rencontres et
de déviation. Le couple est mis en concurrence. La loi du
marché s’applique à chaque instant. Et Charlotte (ou
Gustave) a de plus en plus de mal à faire le poids devant
les
pin-up
en carton-pâte des spots de pub.
D’autre part, on en demande toujours plus au couple.
Une société libérale avancée ne saurait fonctionner sans
entrepreneurs individualistes et sans consommateurs
hédonistes. Et l’hédonisme individualiste exige les émo-
tions fortes et constamment renouvelées qu’on voit
chaque soir au cinéma. Décidément, Charlotte est sous
pression (Gustave aussi).
Enfin, les outils de sélection ne sont pas encore au
rendez-vous afin d’équilibrer les outils de possibilité.
L’«
ère des réseaux
» ne peut offrir pour le moment que
les misérables fichiers des agences matrimoniales, horri-
blement coûteux et saturés de personnages impossibles à
caser, ou encore les ressources de l’Internet rose ou six
hôtesses salariées essaient tant bien que mal de donner le
change à trois ou quatre mille esseulés.
À la civilisation agricole correspondait une vie sociale
intense construite autour de la cité, de la tribu ou
de la famille au sens large. On peut parler de «
famille
concentrée
».
La civilisation industrielle introduisit une unité plus petite
et plus dense : la «
famille nucléaire
», composée du
papa, de la maman et des enfants.
La civilisation médiatique introduit un personnage nou-
veau qui vient les rejoindre le soir à 20 heures, à l’unique
moment où ils peuvent se retrouver : la télévision. Celle-ci