Elles constituent aussi un centre de recherche, un lieu
de formation, une mini-entreprise, un port de télécom-
munications internationales multimédia. Toute l’informa-
tion du monde y est accessible à chaque instant sur des
écrans géants ou des stimulateurs. Le confort intérieur se
double d’équipements en plein air dignes d’un village de
vacances. La communication familiale, reconstruite sur la
base d’une communauté de savoir-faire et de projets
n’oblige plus personne à faire le tour du monde, ni même
à faire l’aller-retour quotidien dans la grande ville, deve-
nue un enfer.
La vie de couple doit, pour s’inscrire dans la durée, être
transcendée par quelque chose qui la dépasse. L’amour
ne peut durer que dans son dépassement : un enfant, un
projet, une valeur, une cause, un savoir-faire. La civilisa-
tion interactive offre donc une chance inespérée à la
famille ouverte, enfin réconciliée avec le travail.
Encore faut-il pour cela une hygiène de vie assez stricte,
que le surcroît d’ouverture ne soit pas annihilé par
des esprits fermés, et que chacun sache résister à la
pulsion ancestrale qui veut que dès qu’on aime un être,
on cherche à l’enfermer dans un placard. Aimer, c’est
avoir faim ensemble, non se dévorer réciproquement.
Le couple à trois : Je + Tu + Nous demeure, en dépit de
sa complexité, le seul viable. Le «
couple médiatique
»
(Je + Tu) n’est qu’une escroquerie publicitaire de plus,
le «
couple romantique
» (Nous), un somnifère au réveil
hébété, qui parfois peut conduire à la mort. Car entre
aimer, comprendre et posséder, on ne peut choisir
qu’une seule des trois options. Chacune d’elles nie en
effet fondamentalement les deux autres. Et la passion
amoureuse, qui consiste à vouloir déposséder sa victime
de son identité, reste le principal risque, tristement
humain cette fois, qui pèse sur l’avenir. La seule
attitude mature porteuse de bonheur, avec les autres,
et de saboter ses relations de couple
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