s’improvise guère n’est pas complètement dénué de
bénéfice. Il constitue en effet le meilleur moyen de
déclencher à votre égard un autre amour sincère et
désintéressé. Car les relations humaines sont régies
par le principe de la symétrie. On finit toujours par
retrouver, au gramme près, ce qu’on a investi à un
moment ou à un autre. Au II
e
siècle avant Jésus-Christ, le
philosophe stoïcien Hécaton a écrit :
« Je vais t’indiquer un philtre d’amour sans drogue ni herbe ni
sortilège d’aucune sorte : si tu veux être aimé, aime ».
L’amour vrai, nous l’avons vu, est loin de constituer la
norme. Il constitue une exception. L’amour vrai demande
en moyenne un demi-siècle d’apprentissage et ne semble
accessible qu’à quelques privilégiés de la génétique ou de
l’expérience.
La plupart des gens se contentent de « tomber amou-
reux » deux ou trois fois au cours de leur existence, ce qui
est déjà beaucoup plus facile.
Mais tout le monde n’est pas capable de tomber amou-
reux. Ici encore il faut des prédispositions (et aussi un
peu de chance).
Ailleurs, il n’y a plus que des associations ponctuelles
d’intérêts communs, des espèces de SARL de la vie
privée.
Ailleurs encore, il n’y a rien.
C’est la nuit.
Être amoureux n’est pas un sentiment bien raisonnable.
On prend un pauvre type ou une pauvre fille qui n’a rien
demandé. Et puis on se met à plaquer.
À plaquer des images.
À étaler ses blessures.
et de saboter ses relations de couple
39