L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
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adre
Tout ce qui est automatisable sera automatisé. Si vous n’êtes pas cadre
(mais ouvrier, employé, commerçant…), c’est donc la disparition assurée
de votre emploi. Si vous êtes cadre, vous n’avez toutefois plus aucune
chance d’être embauché à durée indéterminée. Avec l’accélération du
changement, les compétences se périment plus rapidement qu’un fro-
mage ou qu’un beurre au lait cru. Les entreprises, toujours plus volatiles,
préféreront confier des missions provisoires à des « consultants » qui ne
seront au fond que des cadres externalisés. Dans ces entreprises qui res-
sembleront de plus en plus à des castings de cinéma réunis juste le temps
d’un tournage, il n’y aura plus que des acteurs sollicités pour présenter
leur numéro, faire trois pirouettes, tirer leur révérence et disparaître sous
les applaudissements.
C
amion
Si vous étiez camion, vous auriez bien du souci à vous faire. Vous com-
prendriez en effet facilement que votre fonction est menacée par la
concurrence du fret ferroviaire ou fluvial, plus propres, moins coûteux
en énergie et moins exigeants en main d’œuvre hautement syndicalisée.
Il ne vous resterait pour vous consoler du bon vieux temps que des mis-
sions en fin de chaîne pour transférer les marchandises de la gare ou
du port à la destination finale. Pour ces trajets très courts, un moteur
électrique suffit. C’est donc pour vous la fin de cette Belle Époque où
vous faisiez la loi sur les autoroutes, quand votre conducteur favori, dont
vous raffoliez des moustaches, déboîtait virilement sur la gauche sans
vraiment regarder dans son rétroviseur immense ni les étoiles filantes ni
les autres automobilistes.
C
apital
L’accumulation de capital, indispensable jusqu’à un certain point dans
une économie industrielle, perd une grande partie de son sens dans le
cadre d’une économie de service. À quoi cela sert-il de pouvoir écou-
ter dix mille chansons ou de regarder dix mille films quand on n’a le
