L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
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réalité que 40 000 citoyens pour une population de 250 000 habitants,
l’oligarchie anonyme affirme l’égalité de tous avec toutefois certains qui
sont plus égaux que d’autres, ces autres étant neutralisés par la télévision,
les Euro-Mickey, l’industrie de la distraction-abrutissement, la musique
baladeuse que les jeunes consomment comme les esclaves de l’Inca
chiquaient de la feuille de cola pour éviter de réfléchir.
L’avenir de l’Empire, horizon 2050, appartient donc sans doute non pas à
une démocratie mais à une oligarchie masquée en démocratie, entourée
aux frontières par des dictatures déguisées elles aussi en démocraties.
La démocratie mondiale devient peu à peu le travestissement universel.
D
émographie
galopante
Et si le problème central de notre époque était celui du trop-plein
démographique ?
La question de la pauvreté en Afrique résulte par exemple d’un rapport
découplé entre une manne économique (le PNB) qui progresse de ma-
nière arithmétique (1, 2, 3, 4, etc.) et d’une population qui croît de façon
géométrique (2, 4, 8, 16, etc.).
Les menaces économiques sont nombreuses : pollution, changement
climatique, flambée du pétrole, raréfaction des réserves d’eau douce. Elles
ont toutes cependant une origine commune : une population mondiale
qui ne cesse d’augmenter. Plus il y a d’humains, plus il y a de déchets ; plus
les besoins en énergie, en nourriture ou en eau douce sont importants,
plus la planète chauffe. Les guerres et les conflits résultent bien souvent
de la contradiction entre un accroissement de population et une dimi-
nution relative des ressources. La guerre au Darfour préfigure ainsi ce
que seront les guerres climatiques. Qu’il s’agisse de guerre, d’écologie ou
d’économie, l’explosion démographique est toujours impliquée.
Pour la plupart, les démographes annoncent une population de 9 milliards
aux alentours de 2050. Mais ils peuvent se tromper et la population
peut tendre vers les 15 milliards. Avec une eau potable plus rare, des
terres en désertification ou simplement ruinées par un siècle d’engrais et
d’agriculture intensive, la contradiction peut être accentuée. L’Afrique, en
particulier, est possiblement une bombe. Sa population pourrait doubler
ou tripler d’ici 2050, sur la plus menacée des terres par le changement
climatique et la raréfaction de l’eau potable.