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D
ictionnaire
des mots
en
voie
de
disparition
son « ambiance » automatiquement, en fonction du passage de ses
occupants(les lumières et la musique s’éteignent une fois les voyageurs
du soir évaporés). Histoire d’être à la mode, ils essaient de fabriquer une
partie de l’énergie qu’ils consomment avec un cerf-volant équipé d’une
hélice, des cellules photoélectriques étalées sur le toit ou un chauffe-eau
solaire constitué d’un mince tuyau noir qui s’allonge derrière les fenêtres
exposées au soleil, c’est-à-dire derrière toutes les fenêtres puisque l’en-
semble constitue un segment d’un cylindre de verre centré autour d’un
ascenseur. Ce système permet à votre domilib de chauffer comme une
serre et de gagner je ne sais pas combien de négawatts (c’est-à-dire de
watts économisés).
Votre patrimoine personnel d’information, qu’il soit constitué d’archives
personnelles, de dossiers professionnels, de disques, de tableaux, de pho-
tos ou de films n’a quant à lui aucune raison d’être localisé ou transporté.
Concentré en une base de données, il peut être consulté de n’importe
où depuis n’importe quel écran. Il suffit que vos domilibs soient tous
équipés en standard d’un gigantesque écran mural ou d’un hologramme
central : vous pouvez alors appeler immédiatement vos concerts favoris,
vos spectacles préférés, vos souvenirs photographiés ou le dossier de vos
chantiers professionnels en cours.
Rien n’est plus personnel qu’un vêtement, plus intime également. En outre
la question des tailles pose un problème de taille, car si on équipait par
exemple votre domilib de paires de chaussures, il y a bien peu de chances
pour que celles-ci épousent parfaitement la forme de vos pieds. Pour-
tant le « vestilib » n’est pas qu’une utopie. Dans les capitales du monde,
certaines sont bien chaudes l’été, d’autres bien froides l’hiver (comme
Montréal ou Chicago, brrr !). Équiper le dressing de votre domilib de pulls
bien chauds ou de parkas locaux (ce qu’on appelle au Québec un Kanuk)
peut vous faciliter grandement l’intégration climatique tout en allégeant
vos bagages. Et puis on peut imaginer en bas du « batilib » (la tour où
les domilibs sont empilés), une série de services en propriété partagée
comme un lounge, un buffet, un spa, un business center et un vestiaire
qui pourra mettre à votre disposition certains vêtements à votre taille et
parfois même à votre goût.
Reste la question du sous-vêtement. Les objecteurs de décence ne
manqueront ici de protester. Imagine-t-on mettre des petites culottes
en propriété partagée ? Shocking ! Il ne vous restera que le choix entre
le sous-vêtement jetable ou le transport dans une mini-valise. Cette