L'art de perdre son temps - page 19

Ne jamais prévoir qu’une éventualité
Q
uand on se plonge dans la biographie des hommes
d’action (comme Napoléon), on est vite frappé par
l’extrême récurrence d’un mécanisme de l’esprit. Tout se
passe comme s’ils se piquaient tous d’avoir toujours en
permanence au fond de leurs poches deux ou trois solu-
tions de rechanges mûries discrètement de longue date
afin de parer à toutes les éventualités.
Personnellement, je vous l’ai dit, j’ai pour métier de
m’occuper d’un centre de formation. Je me trouve en
permanence confronté à deux éventualités opposées,
mais également dangereuses pour l’entreprise :
– Avoir trop de travail, par rapport au nombre d’anima-
teurs dont je dispose, et ne pouvoir de ce fait honorer
mon carnet de commandes.
– Ne pas avoir assez de travail, compte tenu du nombre
d’animateurs que je dois faire travailler.
Pour m’en sortir, je suis obligé de naviguer avec, en per-
manence dans l’esprit, trois scénarios au moins :
Scénario 1
: Les commandes sont très importantes (c’est
déjà arrivé). Comme pour trouver des collaborateurs,
même de dépannage, il faut du temps, dès à présent, je
m’efforce d’en dégoter.
Scénario 2
: Les commandes chutent brutalement (ça arrive
de temps en temps). Je cherche donc, dès à présent, à
limiter au maximum les charges fixes de l’entreprise (en
faisant par exemple de la sous-traitance) de façon à éviter
le dépôt de bilan si ce cas de figure venait à se présenter.
Scénario 3
: Les commandes sont normales (c’est le cas le
plus fréquent). Je m’arrange donc pour que le nombre
et d’en faire perdre aux autres
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