35.000 entreprises déposent chaque année en France leur
bilan. On ne dépose son bilan que lorsqu’on n’arrive plus
à honorer ses charges. Sinon, on se borne à faire une ces-
sation d’activité. L’excès de charges condamne les entre-
prises bien plus que le défaut de clients.
La «
psycho-économie
» serait (si elle existait) une disci-
pline passionnante. Elle enseignerait alors qu’il y a des
«
personnes-charges
» et des «
personnes-ressources
»,
des personnes qui nourrissent et d’autres qui « bouffent »
ceux qui les entourent. Il y a aussi les «
indépendants
»
qui ne font ni l’un ni l’autre et puis les «
interdépendants
»
qui cumulent les deux comportements.
La psycho-économie, si elle existait, enseignerait égale-
ment que les êtres humains effectuent constamment des
importations et des exportations, exactement comme des
états ou comme des entreprises. Chez certains la balance
est excédentaire, chez d’autres, elle est déficitaire. La survie
de l’individu étant difficile à remettre en cause, c’est la
survie de la relation qui est en général en jeu quand
les échanges ne sont pas équilibrés. En d’autres termes,
les relations interpersonnelles où l’un des deux protago-
nistes donne trop de nourriture affective ou intellectuelle
(ou de prise en charge matérielle) au profit d’un second
protagoniste qui se contente de recevoir — de telles rela-
tions ne font jamais long feu. Généralement d’ailleurs du
fait de celui qui reçoit trop et qui dans son malaise se
montre souvent cruel, injuste, et puis s’en va.
Il en est de même des tâches et des projets individuels,
qui ne durent que lorsqu’ils sont rentables, c’est-à-dire
lorsqu’ils produisent en fin de compte plus qu’ils ne
consomment ou qu’ils ne coûtent. Si je consacre une
heure par jour à apprendre le russe avec une bonne
méthode, mais que je n’ai jamais l’occasion de pratiquer
le russe dans ma vie de tous les jours, il y a de très fortes
L’art de perdre son temps
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