L’art de s’accrocher à ce qui n’existe plus et de disparaître avec
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solement
Au contraire de la solitude intérieure, qui se popularise avec le développe-
ment de l’individualisme, l’isolement physique deviendra de plus en plus
difficile. Non seulement en effet, le monde, comme un vase, se remplit à
toute vitesse dans un récipient limité, mais les zones habitables (éloignées
de l’effet de serre comme de la pollution) vont se réduire plus vite encore.
Les hommes se tassent de plus en plus dans le cœur de métropoles dé-
mesurées ou les déplacements coûtent peu. Partout la concentration
augmente, ne serait-ce que pour rationaliser les circuits de distribution
et raccourcir les chaînes d’approvisionnement. La majorité de l’humanité
semble s’installer au sein d’un « archipel urbain » constitué de quelques
dizaines/centaines de méga-mégalopoles.
Il sera donc bientôt aussi difficile de s’isoler extérieurement que de ne
pas se sentir seul intérieurement. L’isolement va devenir aussi rare que la
solitude banalisée.